Dépendance digitale et fracture numérique

Quand les liens sociaux ne tiennent souvent plus qu’à un fil… numérique !

La crise du Covid-19 a plus que jamais mis en évidence notre dépendance digitale et le caractère désormais « socialement et économiquement indispensable » des outils et services numériques. Encore faut-il qu’ils soient accessibles, à la fois matériellement mais aussi culturellement, ce qui est loin d’être toujours le cas comme l’a remarqué ma petite cKiou…

– Hi, cKiou a été troublée par les effets de ce coronavirus sur les sociétés humaines à travers le monde. Le premier étant l’indispensabilité du numérique dans le maintien des liens sociaux entre les Humains. cKiou ne sait pas comment les Humains ont fait pendant les précédentes épidémies, ce qui semble évident désormais c’est que dans le monde actuel, si ces liens se sont maintenus, c’est grâce au digital. Mais malheureusement pas de la même façon partout.

Notre dépendance digitale devient exponentielle…

Comment mettre les usages et services numériques à la portée de tous pour réduire la « fracture numérique » ?

Constat : l’Humanité vit une nouvelle grégarité virtuelle

 – C’est exact cKiou, les sociétés humaines ont déjà vécu des crises épidémiques graves, mais leur organisation ne tournait pas autour d’un axe central (quasi unique) comme c’est le cas depuis la digitalisation du monde. De plus, les espaces socioéconomiques étaient plus resserrés et la temporalité des échanges plus élastique.

L’accélération des rythmes et l’atomisation des groupes sociaux ont eu raison de nos comportements grégaires. Elles ont fait des usages numériques les maillons essentiels de nos activités à la fois privées et professionnelles, reconstituant une forme de « grégarité virtuelle ». Sauf que face à cette crise d’ampleur qui a secoué nos modes de vie et tous nos échanges (privés et professionnels), cette forme substitutive devient extrêmement prégnante. Du coup, quand le numérique reste hors d’atteinte, et c’est le cas pour un grand nombre, la fracture numérique est un vrai problème de société.

– Hi, cKiou a effectivement observé que si les connexions virtuelles ne comblent pas toutes les attentes et besoins des Humains, quand elles sont restreintes, ou pire quand elles sont impossibles, ça leur complique sévèrement la vie. Et sinon, concrètement, ça veut dire quoi « fracture numérique » ?

Qu’est-ce que « la fracture numérique » ?

– Je vois que tu comprends de mieux en mieux les Humains, ma petite cKiou ! Pour répondre à ta question, quand le fil numérique qui relie les Humains est cassé ou inexistant, on parle de « fracture numérique ». Concrètement, c’est la fracture qui sépare les populations qui ont accès aux usages numériques et celles qui restent à l’écart de ces usages. Que ce soit pour des raisons technologiques, de moyens, ou de capacités à maitriser ces usages. D’après l’Insee, en France ce sont environ 13 millions de personnes qui restent du mauvais côté de la force numérique.

« En 2019, 15% des personnes de 15 ans ou plus n’ont pas utilisé Internet au cours de l’année, tandis que 38% des usagers manquent d’au moins une compétence numérique de base et 2% sont dépourvus de toute compétence. Ainsi, l’illectronisme, ou illettrisme numérique, concerne 17% de la population. Une personne sur quatre ne sait pas s’informer et une sur cinq est incapable de communiquer via Internet. Les personnes les plus âgées, les moins diplômées, aux revenus modestes, celles vivant seules ou en couple sans enfant ou encore résidant dans les DOM sont les plus touchées par le défaut d’équipement comme par le manque de compétences » (Insee).

La dépendance digitale aggrave sévèrement la fracture numérique

Si cette fracture sociétale n’est pas nouvelle, elle s’est considérablement aggravée, en termes de conséquences, pour les populations qui la subissent. Au début du premier confinement, nous avions présenté un dossier sur le télétravail pour aider le monde du travail à faire au mieux cette bascule essentielle à la poursuite des activités économiques. Tout en mettant l’accent sur les solutions numériques et l’organisation managériale ad hoc, ce dossier soulignait l’importance de disposer non seulement de solutions technologiques adéquates, mais aussi des capacités nécessaires pour les maitriser. Depuis, chacun a pu constater que les solutions technologiques disponibles n’étaient ni toujours très adaptées, ni très intuitives. Par exemple, certains échanges en visio ont parfois révélé des talents cachés dans l’art de l’improvisation 😉 !

Plus grave, des carences (parfois sévères) en termes de pratiques individuelles, ont permis aux cybercriminels d’accroitre leur business en exploitant les bascules vers le travail à distance, au détriment des entreprises.

Fracture numérique, des séquelles proportionnelles à la dépendance digitale !

 

– Hi, cKiou aussi a effectivement vu passer de nombreux sujets sur la cybersécurité et le télétravail dans les médias professionnels. Mais on dirait que dans beaucoup d’autres milieux comme l’enseignement, la culture, les liens familiaux, le e-commerce, le recours à la télémédecine ou à des services administratifs, les Humains peuvent aussi souffrir de carences dans leurs pratiques digitales.

– Exact cKiou, le problème touche toutes les strates de la société. Si la dépendance aux technologies numériques s’est confirmée dans la vie quotidienne, elle s’est véritablement renforcée dans le monde du travail. Et du coup, les difficultés aussi. Nous savions les jeunes plus ou moins accros à une vie parallèle virtuelle. Sauf que les circonstances Covid ont véritablement inscrits notre vie en ligne dans la rubrique « lien essentiel » !

Ce contexte extrême a matérialisé de nouveaux besoins et surtout l’impérieuse nécessité de disposer de tout ce qui concoure à maintenir ce lien essentiel en toutes circonstances.

Dépendance digitale et e-commerce

Cette fonction « achat en ligne, retrait en magasin » s’est montrée déterminante avec les confinements. Mais elle illustre parfaitement les disparités et leurs conséquences socioéconomiques en termes de fracture numérique.

Ce n’est pas la crise sanitaire qui a fait découvrir les avantages du e-commerce. En revanche, cette crise pandémique a révélé une gigantesque fracture entre les géants du numérique (notamment étatsuniens) et les « petits commerces » qui animent les cœurs de villes françaises. Elle a permis de constater que même la survie du commerce de ville peut tenir à un fil digital.

Origine du click and collect

C’est en 2000 que l’on voit la première apparition d’un service de click and collect. Ne pas confondre avec la vente en ligne. Car comme son nom l’indique, le « cliqué-retiré » consiste à réserver des produits en ligne avant de les retirer directement dans un magasin de proximité. Ce service est à l’initiative d’Argos, une société britannique. Pour contextualiser, Google était née à peine 2 ans plus tôt, en 1998. Visionnaire peut-être, cette entreprise avait pris conscience de l’opportunité que représentait le Web dans une stratégie de développement. Mais son site e-commerce, destiné à compléter son activité marchande (click and mortar), ne comble pas les attentes de sa CEO Sara Weller. Celle-ci décide alors d’un nouveau service, le click and collect. C’est ce service qui contribuera à faire décoller le chiffre d’affaire de l’entreprise.

Des disparités majeures

Le chiffre d’affaire généré par cette solution numérique a déjà permis à certains établissements de ville de « sauver les meubles » en maintenant une activité, même a minima. Et au-delà de la dimension économique, d’entretenir un lien social entre le commerçant et son client tout en évitant les contraintes de livraison. Encore faut-il que clients et commerçants soient en capacité d’utiliser les outils numériques ad hoc. C’est à dire concrètement de disposer à la fois des outils numériques, du savoir-faire permettant de les utiliser et d’une connexion stable. Une disparité qui, tous secteurs confondus, crée des inégalités sévères dans la capacité à faire face à la crise. En effet, commerçants, artisans ou travailleurs indépendants sont souvent embarrassés par l’utilisation des outils et systèmes numériques, et pas seulement les plus âgés. Certaines collectivités et institutions mettent en place des services d’accompagnement pour les aider à prendre le virage du numérique.

– Hi, cKiou a apprécié de voir que les confinements ont donné lieu à des initiatives solidaires, à l’instar de celle qui a permis à des élèves de première d’un lycée de Fougères (Ille-et-Vilaine) d’aider les commerçants à mettre en place des solutions de click and collect.

– C’est vrai cKiou, c’est réconfortant de constater cet aspect solidaire de la nature humaine ! Mais une société ne peut pas compter que sur ces palliatifs, si importants soient-ils. Actuellement seuls 20% de petites entreprises disposent d’un site web. Or, même hors période de crise, les systèmes de vente en ligne permettent aux enseignes de générer plus de trafic dans leurs magasins.


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