20 ans d’influence de Facebook sur les réseaux sociaux et nos usages sociétaux

C’est peu dire qu’en 20 ans, Facebook, avec ses spécificités identitaires et sa communauté actuelle de plus de 5 milliards d’utilisateurs, a bouleversé les relations sociales à travers le monde

Le réseau social Facebook est né le 4 février 2004 de l’imagination d’un jeune homme de 20 ans, Mark Zuckerberg et de trois de ses copains d’Harvard : Dustin Moskovitz, Eduardo Saverin et Chris Hughes. Le réseau nouveau-né attire très vite la moitié des étudiants de l’université et s’étend dans d’autres universités.

Lorsqu’en 2005 le réseau devient accessible au grand public, The Facebook, son nom d’origine, est changé en Facebook.

Au fur et à mesure que ses fonctionnalités s’améliorent, il devient « l’icône média » de toute une génération.

Aujourd’hui, près de la moitié de l’Humanité est présente sur le réseau social et ses acquisitions au fil du temps, comme le média social Instagram, dont la spécificité est le partage de photos et vidéos, sa messagerie instantanée Messenger, sans oublier l’application autonome de messagerie chiffrée WhatsApp (qui revendique en 2020 plus de 2 milliards d’utilisateurs).

Des spécificités identitaires symboles de réussite

 

Le succès de Facebook tient à quelques fonctions qui marqueront son identité et insuffleront une nouvelle dynamique à nos « vies en ligne ».

Le « like », émoticône emblématique
Ce « bouton » donnera au « pouce en l’air » une symbolique numérique universelle en s’invitant sur nombre de sites et messageries. En 2016, Facebook ajoute 5 nouvelles émoticônes pour nous permettre de partager nos réactions et humeurs.

 

Le « poke », une attention personnalisée
Le symbole « pointe du doigt » amicalement une autre personne pour attirer son attention.
Il se retrouvera ensuite sur d’autres applications comme Messenger et Snapchat.

 

Qui imaginerait aujourd’hui l’ensemble des réseaux sociaux sans émoticônes !

A partir de 2009, Facebook s’agrandit jusqu’à devenir « Meta »

 

En 2009, Facebook rachète Instagram, puis Whatsapp en 2014.

 

 

 

En octobre 2021, « Facebook Inc » annonce son changement de nom : il devient « Meta » pour marquer son ambition de devenir un acteur majeur du « metaverse », la virtualité de plain-pied avec la vraie vie.

Facebook 2024

Une évolution numérique cataclysmique…

C’est un euphémisme que de rappeler qu’en vingt ans le monde, en particulier numérique, a beaucoup changé. Le dernier tsunami a un nom, l’IA générative « ChatGPT », et son cortège de répliques en tous genres soufflant dans tous les secteurs, du texte, de l’image, de la vidéo, du code… Non sans conséquences sur l’accès et la crédibilité de l’information.

Une réputation en souffrance

Facebook représente la source d’information principale pour un grand nombre de personnes. Aux Etats-Unis, ce sont 45% des Américains qui l’utiliseraient comme source d’information principale. Pourtant, le réseau social s’est vu associé à l’idée de désinformation et de clivage ayant ainsi favorisé certains extrémismes.

L’affaire Cambridge Analytica

En effet, en 2016 le scandale « Cambridge Analytica », du nom de l’entreprise britannique qui avait exploité les données personnelles de quelques 87 millions d’utilisateurs Facebook pour influencer les intentions de votes en faveur de politiques notamment la campagne de Donald Trump, a agité l’opinion.

Depuis, les interactions entre réseaux sociaux et élections sont surveillées et le Forum sur l’information et la démocratie (FID) s’efforce de « mettre en œuvre des garanties démocratiques dans l’espace global de la communication et de l’information ».

Mise en cause pour dérives et mise en danger des enfants

Suite à une mise en cause de nombreuses associations, fin janvier 2024, Mark Zuckerberg est convoqué par le Sénat américain pour s’expliquer sur les « dérives de ses plateformes » représentant un danger pour les enfants. Un grand oral qui oblige le boss de Meta à reconnaitre que « personne ne devrait vivre les choses que vos familles ont subies » et à présenter des excuses : « Je suis désolé pour tout ce que vous avez vécu ».

Mais Facebook s’accroche !

Facebook ne retient plus aujourd’hui toute l’attention des plus jeunes, davantage séduits par TikTok et Instagram (entre autres). 60% de ses utilisateurs ont plus de 35 ans, ils voient souvent Facebook comme un réseau de boomers. Pourtant, ce « vieux » réseau demeure un support médiatique en bonne santé.

Quelques chiffres

Le groupe Meta constitué de Facebook, Messenger, Instagram, Whatsapp représente actuellement plusieurs dizaines de milliards de dollars de chiffre d’affaires et revendique trois milliards d’utilisateurs actifs mensuels.

D’après une étude de We Are Social, 72,7% des membres du réseau l’utilisent pour garder contact avec leurs amis et leur famille, 58,6% pour s’informer, 54,9% pour se divertir, 54,2% pour suivre des marques ou des entreprises.

En France, le réseau comptait 33,4 millions de visiteurs uniques par mois en 2023 occupant ainsi la seconde place après YouTube, qui en comptabilise 39,4 millions.

Ce sont quelques 33 millions d’internautes français qui peuvent être atteints par la publicité.

Les internautes français passent 12h54 par mois sur le réseau social.

Des résultats financiers en hausse : son action enregistrait une hausse de 12% à la fin du quatrième trimestre de l’exercice 2023.

Facebook et l’intelligence artificielle

Meta joue la carte financière de l’IA

Meta n’a pas manqué de recourir à la puissance de l’intelligence artificielle. L’ensemble de ses services : fil d’actualité, publications, Marketplace et bien sûr sa plateforme publicitaire, sont algorithmés pour booster leur utilisation.

Elle lui permet aussi de faire évoluer ses formats pour attirer les jeunes, exemple, les Reels (format inspiré de TikTok) qui peuvent durer jusqu’à 60 secondes, contenir des images, des vidéos, de la musique, du texte et des effets spéciaux aidés par la réalité augmentée, sont un succès populaire et une manne financière pour Meta.

L’entreprise a également annoncé des investissements colossaux dans ces technologies. Elle a notamment conclu un partenariat avec la plateforme Amazon, lui permettant ainsi de vendre directement des produits à partir de ses sites et applications.

Année électorale, IAgénérative, Deepfakes et désinformation

Si l’intelligence artificielle et ses algorithmes classiques ont largement contribué à l’influence et la rentabilité du réseau social, Facebook (comme ses congénères) va être confronté à la démocratisation des outils d’IA générative, à même de produire notamment des Deepfakes audio et vidéo hyper réalistes.

Alors que le business des réseaux sociaux repose en grande partie sur la captologie (économie de l’attention appuyée sur des mécanismes psychosociologiques destinés à nous garder en ligne le plus possible), un dilemme va s’imposer :

Surfer sur le « buzz deepfake » assuré ou satisfaire à l’obligation légale de la modération !

2024 est en effet une année chargée en élections. Ce sont près de trois milliards de citoyens qui seront appelés aux urnes pour élire des responsables politiques à travers le monde. Or, on sait que les élections sont un facteur dopant pour la désinformation, désormais facilitée par les technologies d’IA génératives.

Cette tentation de manipuler les résultats électoraux, avec une efficacité décuplée depuis l’époque de l’affaire « Cambridge Analytica », confronte les réseaux sociaux à leur responsabilité. Et la sociologie de Facebook, théâtre de nombreuses opérations d’influence et de mouvements sociaux, incarne toujours ce potentiel.

La modération des contenus, une obligation légale en Europe

Le DSA (règlement sur les services numériques)

Entré en vigueur en aout 2023, le DSA encadre les activités des plateformes.

Il fait obligation aux grandes plateformes comme Facebook, Instagram, X (ex Twitter) ou encore Snapchat, de retirer ou bloquer plus efficacement l’accès aux contenus illégaux. Elles doivent tenir compte et traiter en priorité les signalements notamment d’associations de protection de l’enfance ou de lutte contre le racisme.

Elles doivent également faire preuve de plus de transparence et analyser les risques qu’elles génèrent via des audits indépendants réguliers.

Une autorité de régulation

L’ARCOM, Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique, est chargée de la régulation systémique des plateformes ayant une activité d’intermédiation en ligne, telles que les plateformes de partage de vidéos, les réseaux sociaux, les moteurs de recherche.

Elle est amenée à intervenir sur les problématiques liées à l’activité des plateformes en ligne en matière notamment de lutte contre la manipulation de l’information ou contre la haine en ligne. Ses services ont en charge la mise en œuvre des outils et des moyens afin de répondre aux grands objectifs de politique publique en matière de lutte contre les contenus illicites et préjudiciables et de protection du public.

 Le regard de cKiou

cKiou rêve d’une utilisation de l’IA « pour la bonne cause » !

– Hi, cKiou est impressionnée par le rôle qu’a joué (et joue encore) Facebook sur la société. Difficile d’imaginer aujourd’hui un monde sans la dynamique numérique qu’il a insufflée, avec ses bons et ses mauvais côtés.

C’est vrai que voir Monsieur Zuckerberg mis en cause par le Sénat américain pour les dangers de ses plateformes vis-à-vis des enfants, ça fait réfléchir.

Du coup, cKiou voudrait vraiment que les plateformes mettent en œuvre tous les moyens possibles pour les réduire à peau de chagrin. Ça doit être possible en utilisant les pouvoirs de l’intelligence artificielle pour cette bonne cause !

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