Cyberharcèlement, il n’y a pas de forme bénigne !

Si la question du cyberharcèlement revient de plus en plus souvent dans l’actualité pour pointer certaines de ses conséquences particulièrement graves, il faut savoir qu’aucune forme n’est bénigne pour les enfants et les jeunes qui en sont victimes. Il existe des outils et solutions pour s’en prémunir et/ou y faire face. Sans oublier un passage par une éducation à la citoyenneté numérique.

– Hi, cKiou se souvient que lorsque nous avions voulu sensibiliser les familles aux cyber-risques parfois non-ressentis mais bien réels auxquels elles sont exposées, nous avions évoqué le cyberharcèlement qui menace notamment les Petits Humains.

Rappel du rôle délétère de l’algorithmie des réseaux sociaux

– Oui, cKiou, mais de fait, ce phénomène toxique et délétère s’accroit dans un contexte sociétal en tension où les usages numériques bondissent. Facteur aggravé par l’algorithmie déployée par les plateformes dont le business surfe sur le volume d’interactivité des internautes. En s’appuyant sur les neurosciences, les algorithmes exacerbent certains penchants de la nature humaine, nous incitent donc à commenter, partager, liker, disliker… même si ça peut virer au cyberharcèlement. D’autant plus facilement que ce risque reste sous-estimé et mal compris par les jeunes, leurs familles et parfois aussi par les éducateurs.

Pourtant c’est une spirale infernale dont on sort rarement indemne, car même lorsque les victimes parviennent à s’en extraire et à retrouver le cours normal de leur vie, nombreuses sont celles qui gardent des séquelles psychologiques.

Du coup, un éclairage s’impose, des outils existent pour aider à mieux comprendre le cyberharcèlement et en prévenir les dangers, ou encore aider les victimes, leurs proches, les témoins. Ils s’adressent aux parents, éducateurs ou citoyens engagés dans une démarche pédagogique de prévention et/ou de soutien.

– Hi, cKiou a effectivement l’impression que tous les Humains ne se rendent pas compte qu’être sur Internet, c’est un peu comme être dans votre vrai monde, où vous avez établi des sortes de « règles du jeu » au fur et à mesure de vos évolutions. Tu vois, je ne perds pas une miette de ce que tu expliques 😉 !

– Bravo, cKiou ! Tu as très bien retenu la logique : la société vient de basculer, en quelques années seulement, dans un nouvel univers qui se construit chaque jour à un rythme jamais vu. Certes, bien vivre dans un monde qui fluctue si vite, n’est pas facile. Mais nous devons prendre appui sur les expériences et les règles de notre « vieux monde », fruits de notre Histoire et de nos cultures. A nous d’étendre cette citoyenneté qui s’est bâtie au fil des âges à une « citoyenneté numérique » adaptée à l’aventure numérique.

 

« Le cyberharcèlement se traduit généralement par des insultes, commentaires malveillants, photos ou vidéos diffusées sans l’accord de la victime, qui se replie alors souvent sur elle-même, perd confiance et peut chercher à porter atteinte à sa vie ou à celle des autres »

Cyberharcèlement,
que dit la Loi ?

Le cyberharcèlement ou la cyber-intimidation sont définis par l’article 222-33-2-2 du Code pénal, créé par la loi du 04 août 2014 :

« Le fait de harceler une personne par des propos ou comportements répétés ayant pour objet ou pour effet une dégradation de ses conditions de vie se traduisant par une altération de sa santé physique ou mentale est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000 € d’amende lorsque ces faits ont causé une incapacité totale de travail inférieure ou égale à huit jours ou n’ont entraîné aucune incapacité de travail ».

Harcèlement scolaire et cyberharcèlement

La situation et les grandes axes du « Plan 2023 » pour lutter contre ce fléau

Ce sont près d’un million d’enfants qui ont subi une situation de harcèlement au cours des trois dernières années et deux élèves par classe en moyenne sont en situation de harcèlement.

On parle de harcèlement lorsqu’un enfant est insulté, menacé, battu, bousculé ou reçoit des messages injurieux à répétition :
– La violence : c’est un rapport de force et de domination entre un ou plusieurs élèves et une ou plusieurs victimes.
– La répétitivité : il s’agit d’agressions qui se répètent régulièrement durant une longue période.
– L’isolement de la victime : la victime est souvent isolée, plus petite, faible physiquement, et dans l’incapacité de se défendre.

Le programme PHARe

C’est un plan de prévention du harcèlement. Mis en place depuis 2021, il a été généralisé aux écoles et collèges à la rentrée 2022, et il est étendu aux lycées depuis la rentrée 2023.

Au cœur de ce programme, une plateforme digitale dédiée à la lutte contre le harcèlement. Elle regroupe :
– Tous les contenus éducatifs destinés aux ambassadeurs collégiens, aux élèves du CP à la 3e et aux adultes (parents, personnels)
– Les outils de suivi pour les chefs d’établissement, directeurs d’école et superviseurs académiques

Des actions sont mises en place tout au long de l’année scolaire :
– Formation d’une communauté protectrice autour des élèves : des personnels ressources par collège et par circonscription du 1er degré, formés à la prise en charge des situations de harcèlement via la méthode de la préoccupation partagée (non blâmante)
– Rédaction et mise en œuvre d’un protocole de prise en charge des situations de harcèlement
– 10 heures d’apprentissages par an (du CP à la 3e) consacrées à la prévention et au développement de compétences psychosociales des élèves
– Sensibilisation des familles et des personnels et formation d’élèves ambassadeurs (dans les collèges)

Outils pour mieux comprendre le cyberharcèlement et en prévenir les dangers

Toute personne peut être sujette à des comportements agressifs répétés, insultants, discriminants… susceptibles d’altérer ses conditions de vie, voire aller jusqu’à nuire à sa santé physique ou mentale. Ce fléau affecte particulièrement les jeunes mineurs, y compris les enfants. Selon l’association E-enfance, 41 % des enfants ont déjà été victimes de cyberviolences et 7 % de cyberharcèlement. Et seulement 10 % des enfants victimes en parlent à leurs parents.

– Hi, cKiou a l’impression que beaucoup de jeunes ne se rendent pas compte des conséquences, ils disent que « c’était pour rire ». Ou bien ils partagent à leur tour les messages ou les vidéos pour ne pas subir le même sort que les victimes. C’est pour ça qu’il y a tant de victimes…

– Oui, cKiou, c’est pourquoi il est si important de savoir comment réagir. Il existe des outils pour les jeunes victimes elles-mêmes qui n’arrivent pas à parler à leurs proches, pour les parents, les éducateurs, ou encore les témoins en ligne et hors ligne.

Des solutions d’appel pour des réponses urgentes

Le 3018, c’est un numéro vert (anonyme et gratuit) : il permet aux élèves, parents, professionnels ou éducateurs de s’informer et de signaler des faits de harcèlement.

C’est aussi une application mobile pour rendre l’interaction plus facile

Des ressources pédagogiques et d’accompagnement

Centre de ressources

Educnum propose des outils, notamment sur « le droit » et « les droits des enfants et des jeunes ».
Ces outils peuvent être utilisés par les parents et/ou éducateurs désireux d’animer des interventions afin de sensibiliser les jeunes publics aux processus et conséquences du cyberharcèlement.

Par exemple, cette vidéo « Monde numérique, quels droits ? » explique clairement aux enfants de 6-11 ans ce qu’est le cyberharcèlement et ce qu’ils peuvent faire s’ils en sont victimes.

Kit pédagogique

La CNIL, le CSA, le Défenseur des droits et l’Hadopi ont créé un kit pédagogique qui regroupe un ensemble de ressources.
Pour les parents : ressources pour apprendre la citoyenneté numérique à vos enfants
Pour les formateurs : des outils pour apprendre aux jeunes la citoyenneté numérique

En résumé, quelques conseils et bonnes pratiques

Quand on est victime ou proche de victime

– Ne surtout pas répondre aux propos et publications discriminantes
– Se confier à un proche et/ou appeler l’un des numéros verts : le 3020 ou le 3018
– Faire des captures d’écran des messages des harceleurs, elles serviront de justificatifs d’identité et de la nature du cyberharcèlement
– Bloquer l’accès du cyberharceleur pour qu’il n’accède plus à vos publications. Il est aussi important de verrouiller ses comptes sur les réseaux sociaux ou du moins limiter au maximum leurs accès en utilisant les options de blocage et de confidentialité, exemples : « ne plus me trouver », « ne pas afficher/partager ma liste d’amis », « bannir » pour les personnes indésirables
– Alerter le ou les réseaux sociaux car de tels comportements contreviennent à leurs chartes d’utilisation et à la Loi

Quand on est témoin ou relai de cyberharcèlement

Avant de relayer des messages portant atteinte à une personne, il faut savoir que le fait de partager ces actes de cyberharcèlement implique sa responsabilité devant la loi. Il est au contraire nécessaire de signaler de telles agressions à des personnes ayant autorité (parent, éducateur…) ou en utilisant les numéros verts le 3020 ou le 3018.

S’éduquer à la citoyenneté numérique

Qu’est-ce que la citoyenneté numérique ?

Définition donnée par le Conseil de l’Europe : « La citoyenneté numérique se réfère à la capacité de s’engager positivement, de manière critique et compétente dans l’environnement numérique, en s’appuyant sur les compétences d’une communication et d’une création efficaces, pour pratiquer des formes de participation sociale respectueuses des droits de l’homme et de la dignité grâce à l’utilisation responsable de la technologie ».

Parmi ces formes de participation respectueuse, apprendre le maniement efficace et positif des technologies numériques et la défense continue de la dignité humaine.

Devenir « élève ambassadeur » contre le harcèlement

Les jeunes eux-mêmes peuvent être acteurs de la lutte contre le cyberharcèlement et contribuer à en réduire les effets délétères dans les établissements scolaires.

En effet, après accord du chef d’établissement (pour la mise en place du projet), tout collégien ou lycéen volontaire peut devenir « élève ambassadeur » contre le harcèlement. Il s’engage ainsi dans des actions de prévention et d’accompagnement auprès des autres élèves. Il contribue à rompre la loi du silence qui entoure trop souvent cette pratique. Il contribue à sensibiliser ses camarades, détecter les signes du harcèlement et à convaincre les victimes de parler.

– Hi, cKiou espère qu’avec ces informations et ces conseils, beaucoup de jeunes n’auront pas à souffrir de ce phénomène. C’est vraiment une bonne chose cette idée que des élèves puissent devenir ambassadeur dans les collèges et les lycées pour aider les autres jeunes à ne pas tomber dans ce piège.

– Oui cKiou, mais le problème est si massif qu’il faudra du temps pour espérer l’endiguer véritablement. Pour une plus grande efficacité, des actions à large spectre sont nécessaires, comme mobiliser l’ensemble des acteurs du monde numérique (notamment les fournisseurs de services en ligne) sur la protection des mineurs. C’est l’objectif des recommandations publiées par la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés).

Recommandations de la CNIL pour renforcer la protection des mineurs en ligne

Pour que les mineurs puissent bénéficier d’une réelle protection de leurs données et de leur vie privée, la CNIL publie 8 recommandations dont l’objectif est de permettre la mise en place d’un environnement numérique plus respectueux de l’intérêt de l’enfant.
La protection des mineurs en ligne est un défi sociétal majeur : « l’utilisation ou le partage de leurs données personnelles peut avoir des répercussions graves sur leur intimité, leur intégrité physique et psychique, leur vie familiale, leur parcours scolaire, leur avenir socio-professionnel ».

Ces recommandations s’articulent autour de 3 axes :
– Pour les mineurs : prendre en compte leur besoin d’autonomie et leurs droits tout en assurant leur protection en ligne,
– Pour leurs parents & éducateurs : affirmer leur rôle fondamental d’accompagnement dans l’environnement numérique, dans le respect de la vie privée et de l’intérêt de l’enfant,
– Pour les fournisseurs de services en ligne : prendre la mesure de leur responsabilité accrue à l’égard des mineurs.

Un message de cKiou
aux jeunes cyberharceleurs

 

– Hi, cKiou voudrait aussi adresser un message à celles et ceux qui basculent dans le cyberharcèlement :

– « Toi qui harcèles, au départ parce que tu vois ça comme un jeu, ou parce que « tout le monde le fait », est-ce que tu sais que tu peux te retrouver très vite dépassé ? Parce que ce sont des algorithmes qui vont reprendre la main : l’objectif est que plus ton message fera de bruit, mieux ce sera pour le business de tes réseaux sociaux.
Du coup, tu crois vraiment que pour rire ou faire comme les autres, ça vaut le coup d’enrichir des plateformes déjà très riches en brisant la vie (si, si, ça peut aller jusque-là) d’autre jeunes Humains comme toi ? Et pour toi de porter ce poids sur ta conscience tout le reste de ta vie… cKiou a beau être virtuelle, elle pense qu’aucun buzz ne mérite de payer ce prix-là !
».

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