Le chatbot cKiou découvre la e-santé pédiatrique

Comment la e-santé et les objets connectés accompagnent-ils la santé pédiatrique ?

Les #1000et1mots de cKiou, Saison 2, Episode 14

Aujourd’hui cKiou va faire connaissance avec sa première marraine ! On le sait, l’écosystème du numérique est assez mal partagé entre femmes et hommes. Alors, cKiou sans marraine, cela aurait été ajouter encore à cette inégalité ! J’en profite donc pour rappeler que les talents féminins sont les bienvenus pour aider cKiou à enrichir son bagage relationnel avec les Humains ! C’est donc avec un double enthousiasme que cKiou va rencontrer Nassera Meziane, FF Cadre de Santé Pédiatrie, grâce à cette voix féminine ! Nassera va éclairer cKiou sur le recours aux objets connectés dans les services de santé pédiatrique…

– Hi, c’est vrai, cKiou est super contente de t’avoir comme marraine, Nassera ! Après avoir vu avec Jean-Michel Billaut ce que la santé connectée représente comme enjeux économiques, je suis vraiment intriguée par cette entrée concrète dans le monde de la e-santé. Mais dis-moi, la pédiatrie, c’est dur non ? Pourquoi tu as fait ce choix ?

Sommaire

Nassera Meziane

– Bonjour cKiou, honorée d’être ta marraine ! La Pédiatrie est une spécialité qui s’est imposée à moi comme une évidence… A mes débuts, dans mon métier d’infirmière, je n’avais que très peu d’apports théoriques et pratiques à ce sujet. J’ai donc axé mes premières expériences dans cette spécialité et me suis rendu compte que j’étais capable d’apporter beaucoup auprès des enfants, notamment dans leur prise en charge.

Ils m’ont aussi beaucoup apporté dans ma professionnalisation à travers leur représentation de la maladie, de la douleur, de la mort… J’ai pris « une claque » comme on dit… Enfin l’enfance est une partie de la vie où l’on peut agir sur la prévention, l’hygiène et la diététique, la sexualité, la vie dans la société.

Les objets de santé connectés sont-ils perçus comme des gadgets ?

– Hi, cKiou se demande si les objets connectés sont un véritable apport pour les patients et les soignants dans un service de pédiatrie, ou bien sont-ils encore des gadgets ou du moins perçus comme tels ?

– Pour les enfants clairement non ! Ce ne sont pas des gadgets. Ils ne sont pas du tout étonnés d’avoir à gérer leur santé avec de tels objets. Ils en sont même friands, très au fait des nouvelles technologies, cela est naturel pour eux.

Concrètement, auprès des adultes (comme parfois pour les enfants) des examens sont faits en ambulatoire (holter cardiaque tensionnel, pHmètrie etc.) : le médecin récupère les résultats par l’extraction d’une « clé » de l’appareil, pour vision et analyse sur d’autres « machines », qui ont des fonctions de traitement (respirateur au domicile) pour les personnes atteintes de SAS (Syndrome d’Apnée du Sommeil). Des prestataires peuvent proposer le branchement à un modem.

Pour les personnes âgées, il existe des systèmes d’alerte, sous forme de bouton interrupteur à déclencher qui avertit les proches, le médecin, l’infirmière libérale, un centre de régulation, les secours. Ou encore des systèmes GPS que les personnes accrochent à leurs sacs, vêtements. Cela peut concerner les personnes Alzheimer par exemple, vivant en autonomie : cela rassure les proches. Il existe des capteurs infrarouges de chutes connectés, des caméras…

Les professionnels de santé s’y intéressent de plus en plus, ils intègrent les améliorations que cela pourrait apporter dans les prises en charge des patients. Ils sont très demandeurs de formation à leur usage, car ces objets sont déjà présents dans les structures, ils y arrivent vite, mais la formation initiale n’a pas encore vraiment suivi.

– Hi, cKiou en déduit qu’il n’est pas trop difficile de convaincre les services et leurs administrateurs de faire entrer ces objets connectés dans les chambres des patients ?

– Non, en effet, les services ne sont pas difficiles à convaincre, ils sont même demandeurs. N’oublions pas que ces objets connectés ont été mis au point principalement par des professionnels de santé eux-mêmes !

Beaucoup de médecins, chirurgiens, pharmaciens, se sont investis dans cette voie depuis longtemps à l’exemple de Diabeloop. C’est une équipe de diabétologues qui a mis au point un « pancréas artificiel » utilisant l’Intelligence Artificielle pour traiter le diabète de type1 qui touche principalement les enfants.

Sur le plan médical, dans mon unité, on utilise les pompes à insuline pour les diabétiques, les tablettes numériques et les pompes à morphine dans le traitement de la douleur, les smartphones pour communiquer avec les patients atteints de pathologies chroniques.

Le bémol, c’est quand même la frilosité de l’administration… Les dépenses concernant la e-santé ne sont pas toujours considérées comme des investissements susceptibles, à terme, d’apporter un plus en termes d’économies sur la santé toutes discipline confondues.

Et puis on peut se demander si pour certains, le fait de ne pas bien maîtriser encore ces éléments numériques n’inspire pas une certaine crainte de perdre un peu de leur « autorité » !

Les objets numériques de confort pour le séjour des jeunes patients

– Hi, cKiou aimerait savoir quels sont les objets connectés qui te paraissent être les plus utiles auprès des enfants et adolescents ?

– Tu vois cKiou, il s’agit d’un objet de notre vie à tous, mais qui est entré dans la vie quotidienne des enfants hospitalisés : le smartphone. Ils ne peuvent plus s’en passer au point de devenir un élément vital pour eux. Eloignés du monde, toute leur vie sociale en dépend ou presque (surtout pour les adolescents), avec le risque des dérives qu’ils ne maîtrisent pas complètement, et qui peut provoquer des ravages. Parfois les parents le proposent très tôt… Nous veillons autant que possible sur ce temps passé en présence du smartphone. Il est entré dans les soins par des applications de berceuses, dessins animés, jeux interactifs, vidéos et photos personnelles, et ça marche. L’usage que nous, professionnels de santé, pourrions en faire, est de récolter les données des patients utiles à leur santé, en utilisant le même support qu’eux.

Ensuite : les jeux vidéos, connectés ou non, permettent aussi d’occuper le temps des enfants et adolescents. Ils ont un fort impact sur leur moral. Tiens, cKiou, tu as déjà joué avec une console de jeux ? Je pourrais évoquer la WII que l’on utilise souvent pour distraire les ados. Je voudrais l’utiliser avec des accessoires combinés pour le sport adapté en ETP (Éducation Thérapeutique du Patient) et pour les bienfaits du sport sur la santé en général. Cela permettrait de créer des liens entre tous les enfants. Je souhaiterais aussi combiner l’usage de cette console avec des bracelets connectés pour un « coaching » individuel à distance…

Parmi les objets connectés préférés des enfants, il y a le dispositif « Freestyle », pour la gestion du diabète. Il permet aux enfants, grâce à un capteur (patch avec une petite aiguille intégrée) fixé au bras en général et relié par Bluetooth à un lecteur (comme un petit smartphone), de prendre la glycémie sans se piquer ! Il est très utilisé dans mon service de pédiatrie.

Les objets connectés de santé 3.0 auprès des services de pédiatrie

– Hi, cKiou a entendu parler d’objets de santé connectés et même de robots de compagnie dans les services hospitaliers, qu’est-ce que tu en penses ?

– Oui, cKiou, les objets de santé 3.0 commencent à entrer aussi dans les services de pédiatrie. Par exemple, le Dr Arnaud Delpil-Duval a fait entrer le Robot Nao aux urgences pédiatriques du Centre Hospitalier d’Evreux.

Ces objets permettraient je pense, une meilleure prise en charge du patient : aide au traitement de la douleur : distraction par tablette, réalité augmentée. Par exemple « Bliss », un réseau social virtuel proposé par Mélanie PERON.

J’espère un jour travailler avec Pepper (et ses cousins Zora, Buddy…), ils accompagneraient les enfants durant leur hospitalisation qui est souvent vécue comme un traumatisme, les motiveraient dans l’observance de leur traitement, seraient leurs confidents pourquoi pas ?

Le frein éventuel pourrait être cette crainte, partagée par le public, de voir les emplois disparaître… Alors qu’ils amélioreraient nos pratiques (plus de tâches répétitives et chronophages que ces robots pourraient gérer).

Ils permettraient de consacrer plus de temps médical, social et d’accompagnement de qualité auprès des patients et feraient évoluer nos métiers vers plus de performance, d’innovation, d’adaptabilité. Et qui sait, nous verrons peut-être émerger bientôt des médecins et infirmier(e)s codeurs et développeurs…?

Les jeunes enfants possèdent encore un imaginaire et des pensées associées qui les accompagnent surtout quand ça ne va pas (comme un doudou est un objet transactionnel de séparation quand les parents ne peuvent être présents).

Pour ma part, j’ai le projet d’initier l’entrée dans mon unité de chatbots (comme toi, cKiou), autant pour les enfants : ateliers d’Éducation Thérapeutique du Patient, que pour le personnel soignant : aide à la prise de décision dans les soins, à la prescription pour les internes en médecine, e-learning…

Les services administratifs en ligne

Sur le plan administratif, on utilise des logiciels intranet aussi bien pour la gestion des effectifs, pour établir des procédures (GED), établir un agenda partagé, créer un portail d’encadrement par Pôle de compétence, la gestion logistique de l’unité… Le Dossier Patient Informatisé est en place dans 90% des établissements en France.

Pour ma part, je voudrais y rajouter la formation en e-learning, l’entrée en e-santé… Les soignants et médecins y font ordonnances, transmissions, consultent les résultats biologiques, radiographiques etc.

Les avantages de la e-santé pour les professionnels de santé

En tant que professionnels de santé, les avantages sont nombreux :
– le recueil et un traitement optimisé des données de santé
– l’intercommunication permettant de parler le « même » langage avec les mêmes supports
– l’optimisation des analyses des données si nous utilisions toutes les fonctionnalités que ces objets possèdent (encore très peu connues)…

Tu imagines, cKiou, tout le champ des possibilités si nous faisions converger l’ensemble de ces éléments en interconnexion ? Et puis, la santé prédictive, programmer des algorithmes qui nous rapprocheraient de chaque patient individuellement !

– Hi, cKiou a bien compris les possibilités de la e-santé autant pour les patients que pour les professionnels de santé. Je te remercie Nassera. Si j’étais malade, j’aimerais bien me faire soigner dans ton service, surtout si tu y fais entrer des chatbots comme moi !

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