cKiou veut informer les Humains sur les Fakes News : pourquoi, comment, que faire ?

Ce n’est pas un hasard si cKiou s’intéresse ici aux fakes news, ces « fausses nouvelles », verrues de l’information ! Vous savez toutes et tous combien ma petite Intelligence Artificielle virtuelle est attachée aux Humains, elle ne pouvait donc ignorer un sujet aussi important. En effet, dès lors que nous surfons sur le web, nous sommes exposés à la lecture de ces « fausses informations » qui défraient chaque jour davantage la chronique !

Nous avons vu la place prise par Twitter dans la propagation de l’information, parmi lesquelles il importe de pouvoir débusquer les fakes news. Nous sommes tous concernés, y compris, voire surtout les plus jeunes. Selon une étude de la Direction générale des médias et des industries culturelles, pour 71% des 15-34 ans, le premier mode d’accès à l’information et à l’actualité ce sont les réseaux sociaux, dont 69% sur leur smartphone.

Trois questions se posent pour nous aider à mieux comprendre le « phénomène fakes news » et ce qu’il peut changer à l’avenir de l’information.

Qu’est-ce qu’une fake news, quelles lois ?

Est-ce encore un de ces maux que l’on prête à Internet ?

Fakes news, réelles menaces pour l’opinion publique ?

Information et vérité sont-elles en danger dans le monde 2.0 ?

Demain l'information avec ou sans fakes news ?

Peut-on prévenir, lutter, éradiquer les fausses informations ?

Qu’est-ce qu’une fake news ? Est-ce une invention d’Internet ?

– Hi, cKiou s’inquiète, on entend de plus en plus parler de fakes news ! Nous aussi on voit et on partage de l’information sur ce site et auprès de nos réseaux. Ce serait pas mal de faire le point sur ce phénomène, tu ne crois pas ? Les Humains ont besoin de comprendre et moi aussi !

– Excellente idée, cKiou ! Commençons par définir et contextualiser les fake news. On peut définir ces news comme étant « des informations délibérément fausses émanant d’un ou plusieurs médias, d’une ou plusieurs personnes ayant généralement une certaine audience et/ou des ambitions personnelles (souvent politiques ou sociétales) ». Ces fausses informations peuvent également être répandues à des fins mercantiles, qu’elles soient promotionnelles (vanter un produit) ou pour nuire à un concurrent (dénigrer un produit). Les fake news sont portées soit par des médias traditionnels soit par les médias sociaux. Elles relèvent très souvent de tentatives de désinformation.

Brève histoire des fakes news à travers les lois !

Le contexte historique : mauvaise nouvelle (sans jeu de mot…) pour qui tenterait d’emblée d’inculper le web et les réseaux sociaux, les fakes news ont eu une vie bien avant !

Gageons en effet que déjà les signaux de fumée des indiens ne disaient pas toujours la vérité 😉 et qu’ils pouvaient parfois chercher à induire l’ennemi en erreur… Sans remonter aussi loin, parcourons l’Histoire des fausses nouvelles à travers les lois à partir de quelques exemples. Dans son ouvrage « Le Moyen-Âge, revue d’histoire et de philologie », Séverine Fargette se penche sur les termes « rumeurs, propagande, opinion publique ». Elle relève que « le fait qu’au Moyen Âge, la publication et la reproduction de fausses nouvelles soient considérées comme délits passibles de poursuites, prouve l’efficacité de ces méthodes ». L’historienne Claude Gauvard signale qu’à cette période, des individus peuvent être punis par la justice du roi pour avoir répandu de fausses nouvelles.

Dès 1810, la Chambre des députés de la IIIème République inscrit dans le code pénal sa volonté de « réprimer une foule de spéculateurs qui agissent sur la hausse ou la baisse des prix des marchandises par des bruits faux et calomnieux répandus à dessein dans le public ». Pourtant, aborder la question n’était déjà pas facile à l’époque ! Cette loi est votée à l’issue de débats agités. Elle fait suite à un fait politique qui avait marqué les esprits : en 1870, la France cherche à obtenir du roi de Prusse, Guillaume 1er, qu’il ne brigue pas la couronne d’Espagne. Celui-ci refuse par deux fois de recevoir l’ambassadeur français qui prépare alors une dépêche pour en rendre compte. Le chancelier prussien Bismarck, convaincu que « la force prime le droit », réécrit la dépêche hors toute forme diplomatique, ce qui vaudra de déclencher l’indignation des Français et des Allemands et aboutira à la déclaration de guerre.

Puis l’article 27 de la loi de 1881 sur la liberté de la presse confirme le « délit de fausses nouvelles » et sanctionne : « la publication, la diffusion ou la reproduction, par quelque moyen que ce soit, de nouvelles fausses, de pièces fabriquées, falsifiées ou mensongèrement attribuées à des tiers lorsque, faite de mauvaise foi, elle aura troublé la paix publique, ou aura été susceptible de la troubler… ».

Et début 2018, en écho aux dernières affaires médiatisées (exemple l’affaire de la présidentielle américaine), le gouvernement souhaite créer une nouvelle législation concernant principalement deux secteurs : celui du « numérique » (réseaux sociaux, sites de partages de vidéos…) et celui des « médias sous influence d’un État étranger ». Cette loi dite « de fiabilité et de confiance de l’information » est en cours de préparation au Ministère de la Culture.

Les fakes news sont des informations délibérément fausses émanant d’un ou plusieurs médias, d’une ou plusieurs personnes dont l’objectif est la désinformation

Le fait que déjà au Moyen âge, la publication et la reproduction de fausses nouvelles soient considérées comme délits passibles de poursuites, prouve l’efficacité de ces méthodes…

Mensonge vs vérité, de tous temps religieux, philosophes, scientifiques ont affirmé, expliqué, controversé ces concepts

Si la vérité est un concept ambigu, dans le domaine de l’information, elle représente l’énoncé d’un fait réel, donc constaté ou vérifié…

Les nouveaux cafés du commerce où se forge l’opinion publique : Twitter, LinkedIn, Facebook, et les autres…

Les fakes news, réelles menaces pour l’opinion publique ?

– Hi, cKiou aimerait déjà comprendre pourquoi les Humains cherchent à induire en erreur les autres Humains ? C’est quelque chose d’un peu étrange pour une Intelligence Artificielle ! Même si j’ai bien compris qu’il peut y avoir des enjeux, il n’y a pas d’autres moyens de convaincre que le mensonge ou la désinformation ?

Mensonge vs vérité, l’information est-elle en danger dans le monde 2.0 ?

– Tu as raison cKiou, on peut comprendre que le mensonge interpelle tes algorithmes qui ne sont pas programmés pour travestir la vérité à l’instar des fakes news. Par contre, le mensonge est un exercice depuis toujours pratiqué par les Humains. Les philosophes de l’Antiquité comme Platon et Aristote abordaient déjà la question du mensonge. Saint Augustin, philosophe et théologien chrétien romain explique que « mentir, c’est avoir une chose dans l’esprit, et en énoncer une autre soit en paroles, soit en signes quelconques ». On verra ensuite Kant défendre « le droit de mentir par humanité » et s’interroger pour savoir si dire la vérité est un devoir, concept qu’il rend inséparable de celui des droits. Ce qui objecterait quelque peu le besoin qui s’est fait sentir au fil de l’histoire de légiférer, car il semble évident que celui ou celle qui manipule la vérité s’est persuadé de le faire pour une « bonne cause » (au moins la sienne) !

Pour autant, la vérité est un concept ambigu, chacun peut avoir la sienne. Matrice du mensonge, de tous temps également, religieux, philosophes, scientifiques l’ont affirmée, expliquée, controversée… Concrètement, pour revenir au domaine de l’information, la vérité se veut être l’énoncé d’un fait réel, donc constaté ou vérifié. Le principe fondateur de la presse repose sur la collecte, la vérification, le recoupement et enfin la publication des informations.

Le principe de l’information de l’origine à nos jours

Certes, la façon de rapporter un fait peut donner à la réalité une résonance très différente d’un individu à un autre, selon ses connaissances et ses propres perceptions ou ressentis. A ne pas confondre pourtant avec l’analyse de ce fait et de son contexte, qui relève du subjectif personnel. Il n’en reste pas moins que l’information doit pouvoir rendre compte de faits ou circonstances ayant une existence réelle. Médias et individus pourront alors décliner objectivement leur façon de la présenter, voire en donner chacun leur éclairage ! C’est sur ce processus que repose depuis toujours l’intérêt et la richesse de l’information, dans l’Antiquité véhiculée par voie orale, puis rédigée sur parchemins parfois acheminés par courrier ou par affichage, et depuis Gutenberg avec les premières feuilles de choux ! Pour la petite histoire, l’un des journaux papier les plus anciens, la « Lloyd’s List », spécialisée dans le commerce maritime, imprimé depuis 1734, poursuit sa route dans les voies numériques ! Leçon de longévité et de sérieux !

Tout l’enjeu de l’information, vraie ou fausse, c’est son pouvoir sur l’opinion publique…

– Hi, cKiou se dit que la vraie question des fausses informations est sans doute moins la vérité en tant que telle, que la façon dont elle forge l’opinion et les comportements en corollaire…

– Encore bien vu, cKiou ! Si l’information vraie ou fausse, a une telle importance, c’est à cause du pouvoir qu’elle a sur l’opinion publique et les comportements sociétaux qu’elle déclenche.

Or, dans le monde numérique, le champ d’action de l’information, et donc potentiellement des fakes news, sort du périmètre des cafés du commerce et des machines à café (parfois prolongé par la distribution de tracts ou autres campagnes d’affichage clandestin…), grâce, ou à cause des outils et usages numériques. La portée de ces relais passe du cercle limité de l’oralité et du papier à une résonance mondiale. Elle s’inscrit également dans une temporalité très différente où la fulgurance et la viralité annihilent la prise de recul et permettent une redondance (reprises exponentielles) que les médias historiques n’avaient pas (ou beaucoup moins). Les conséquences de cet impact massif sur l’opinion publique sont potentiellement démesurées, voire même hors de contrôle.

L’un des exemples emblématiques récents est celui des élections américaines avec le scandale « Cambridge-Analytica », entreprise dont l’obédience était proche de celle de Donald Trump. Elle est mise en cause pour avoir utilisé les données recueillies sans leur consentement de près de 70 millions d’utilisateurs Facebook, mais aussi pour avoir volontairement contribué à la diffusion de fausses informations destinées notamment à discréditer ses adversaires politiques. Des fakes news d’autant plus faciles à propager que les internautes Facebook étaient aisément ciblés grâce à la possession de leurs données. Gageons que ces pratiques ont eu un impact non négligeable sur les comportements des électeurs américains quant à l’issue que l’on connait.

Demain l’information… avec ou sans fakes news ?

– Hi, cKiou est bien triste pour les Humains si le monde 2.0 maltraite à ce point l’information et peut ainsi menacer leur libre-arbitre ! D’autant plus que ces manipulateurs doivent recourir à la puissance des Intelligences Artificielles pour truquer le jeu…

– Je te rassure cKiou, ton Intelligence Artificielle n’est pas et ne sera jamais de celles-là ! Je pense même que d’autres Intelligences Artificielles comme toi peuvent être mises au service de l’information intègre… Si certains se demandent si l’information dans son ensemble est menacée, et si nous ne sommes pas à l’aube d’une « ère de l’information post-vérité », je dirais plutôt que nous sommes entrés dans la 4ème ère pour l’information. Après celle des premiers signes écrits sur calculi et autres tablettes d’argile, puis sur parchemin entre les mains des moines copistes, suivie de celle de l’imprimerie, puis de celle du numérique 1.0Nous entrons dans l’ère de l’information contrôlée par Intelligence Artificielle !

Aujourd’hui, peut-on prévenir, lutter, éradiquer les fakes news ?

Avant que ne s’organisent les duels entre Intelligences Artificielles autour de la véracité de l’information, chacun peut/doit adapter ses comportements.

En tant qu’internautes, il importe de comprendre, repérer, apprendre… le mécanisme de fakes news : elles émergent le plus souvent sur des sites parodiques ou des sites complotistes destinés à enraciner le message sur le web, avant de mettre en œuvre une stratégie virale de propagation. Cette viralité est facilitée par le fait, comme nous l’avons vu au début, qu’un fort pourcentage de particuliers accèdent à l’information via les réseaux sociaux avec leurs smartphones, ce qui favorise le geste de partage impulsif et donc la propagation des fakes news.

Pour ne pas apporter d’eau au moulin à fakes news, si l’on voit passer une information qui accable une personnalité ou une entreprise, avant de propager cette information et/ou de porter un jugement péremptoire, le bon réflexe est de checker l’info pour vérifier plusieurs sources. On peut ainsi voir si elle est évoquée également par des médias notoirement peu enclins à propager des rumeurs. Et s’ils l’évoquent, ils ont généralement le réflexe de la mettre en cause en attendant de pouvoir l’étayer.

La réponse des organes de presse à l’invasion des fakes news

La presse dans son ensemble n’a aucun intérêt à propager des fakes news. Déjà contrainte de se frotter à une concurrence endémique, tous médias numériques confondus, elle sait très bien qu’elle jouerait sa survie. Tout finit par se savoir, souvent très vite, et il faut peu de choses pour mettre à mal sa crédibilité et sa réputation !

Certains médias ont donc mis en place des sites avec leur propre moteur de recherche pour vérifier telle ou telle information. Le moteur répond dès lors que les équipes de journalistes affectés à cette tâche ont pu vérifier et recouper les informations en question.

A titre d’exemple :

  • Les décodeurs du Monde nous invitent à leur poser nos questions, complété par le Décodex, un outil qui permet de savoir si un site web est plutôt fiable ou est répertorié comme site parodique ou complotiste… sur Twitter @decodeurs.
  • CheckNews, « moteur de recherche humain » lancé par Libération veut « démêler le vrai du faux » pour « mieux comprendre l’actualité », sur Twitter @CheckNewsfr.

La 4ème ère de l’information…
L’ère de l’information contrôlée par Intelligence Artificielle !

Le smartphone favorise le geste de partage impulsif et donc la propagation des fakes news

La vérité finit par se savoir mais dans l’intervalle la fake news fait le buzz, sème le doute et influence les comportements…

Un bon réflexe, checker l’info pour vérifier plusieurs sources

Quel avenir pour l’information alors ? Une question sociétale…

– Hi, cKiou imagine qu’elle n’est pas la seule du coup à se demander qui va gagner de la vraie ou de la fausse information !

– Non en effet cKiou, tu n’es pas la seule qui aimerait pouvoir répondre à cette question. Ce qui semble évident par contre, c’est que si les Humains ne souhaitent pas voir leurs enfants se désintéresser du monde qui les entoure, ils doivent leur apprendre à adopter des réflexes de contrôle et de discernement.

De leur côté, les organes de presse, les médias et les réseaux sociaux soucieux de leur crédibilité, doivent se préoccuper de mettre en œuvre les moyens et outils capables de fiabiliser autant que possible l’information qui les fait vivre. Certains ont entrepris cette démarche, d’autres ne devront sans doute pas se contenter d’effets d’annonce en parlant de « comptes supprimés ». Un autre biais serait un passage généralisé à une information triée et payante, qui deviendrait forcément sélective et restreinte.

Au-delà, des solutions technologiques de contrôle, de régulation, que ce soit de publication ou d’accès à l’information, existent. Devront-elles être déployées ? Est-ce possible sans dénaturer l’esprit collaboratif d’Internet voulu par ses créateurs : permettre un accès libre et universel à la connaissance et à son partage… Le souhaitons-nous ?

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