Focus sur les IA génératives

Remettre ChatGPT et ses sœurs algorithmées au milieu de l’Humanité !

L’intelligence artificielle résonne à nos oreilles depuis le début des années 2010, même si l’histoire de cette technologie est beaucoup plus longue puisque le chapitre s’est ouvert sous la plume d’Alan Turing quand il publie en 1936 la : « Théorie des nombres calculables, suivie d’une application au problème de la décision ».

Sauf que, comme dans toute l’Histoire du monde, les rebondissements ne manquent pas. A peine étions-nous installés dans le confort et l’efficacité des systèmes d’intelligence artificielle qui avaient (presque) su se faire oublier dans nos objets du quotidien, que fin novembre 2022, le bien-nommé ChatGPT déboule sur nos écrans « comme un chat dans un jeu de quilles ». Les Humains découvrent ainsi avec stupeur un système capable d’interagir avec eux en temps réel dans presque tous les domaines.

Même ma petite cKiou a testé, c’est dire ! Elle a interrogé ChatGPT à propos d’Isaac Asimov, auteur de science-fiction, anticipateur du futur qui a « promulgué » ses « trois lois de la robotique » destinées à protéger les Humains de potentielles menaces liées justement à leur cohabitation avec des robots !

ChatGPT et ses « sœurs algorithmées », une grande famille !

ChatGPT et autres outils conversationnels comme BingChat, Google Bard… ne sont pas seuls. On peut solliciter des systèmes génératifs pour faire des images, des vidéos, de la musique et même reconstituer des voix humaines tant et si bien qu’une mère pourrait parler avec un robot en croyant discuter avec son fils !

Qu’est-ce que l’IA générative ?

L’intelligence artificielle générative (GAI) est un « sous-domaine de l’intelligence artificielle ». Elle se destine à « la génération de contenus ou de solutions qui ressemblent à ceux que produisent les humains ».

Sa finalité est de produire des réponses, du contenu ou des solutions bien écrites, convaincantes, crédibles, en réponse à une requête précise (prompt) spécifiée dans un contexte donné.

La « GAI » se base sur des réseaux de neurones artificiels, qui sont entraînés sur de grandes quantités de données pour apprendre à reconnaître des modèles afin de générer des résultats similaires.

– Hi, cKiou n’en croit pas ses algorithmes virtuels ! Même sans être humaine, cKiou imagine que ce serait terrible pour une mère de se tromper sur la voix de son enfant. Par contre, on peut comprendre la surprise humaine devant les performances des IA génératives, et qu’on entende parler de « révolution » !

– Oui, cKiou, je confirme ! La supercherie vocale, mais aussi d’autres mésusages, peuvent avoir des conséquences sérieuses en termes de criminalité, de politique, de droit d’auteur…Autant de questions, aiguillonnées par l’effet de surprise, ne manquent pas d’interpeller dans toutes les strates de la société, et on s’agite d’un bout à l’autre de la planète. Du coup, essayons de voir comment raison garder en remettant « l’église algorithmée au milieu du village numérique », autrement dit chaque chose à sa place ! 

IA génératives, petit exercice d’anthropologie numérique

Un regard dans le rétroviseur de l’Histoire de l’Humanité nous rappelle que l’apparition de toute technologie majeure suscite une période de flottement. Il appartient donc aux Humains du XXIè siècle de ne pas se laisser bousculer par des émotions compréhensibles mais déstabilisantes, de faire preuve de sens critique fondé sur leurs valeurs.

Petit détour par les sources humaines et technologiques des IA génératives

 

L’Histoire du numérique n’est pas si longue comparée à celle des Humains, même si l’on se souvient par exemple qu’il faut remonter à 1842 pour croiser le destin d’Ada Lovelace, auteure du premier langage de programmation (qui a fait tomber sous son charme ma petite cKiou). C’est dans les années 70 que cette histoire s’est accélérée. La timeline sur la généalogie du Web, des réseaux sociaux et des usages numériques montre que ces cinquante dernières années ont vu éclore des « révolutions » qui ont changé le monde comme avaient pu le faire avant elles l’imprimerie, l’électricité, l’automobile !

La percée algorithmique s’engage vraiment dans les années 2000

Mais dans les années 2000, côté usages, face émergée de « l’iceberg numérique », l’arrivée du Web bouscule le monde. Mais dans sa partie immergée, les algorithmes sont déjà sur les bancs de ce que l’on appelle « l’apprentissage non-supervisé ». Comme ils travaillent sur des données qui ne sont pas étiquetées, ils sont déjà contraints de s’auto-organiser pour trier, catégoriser les données à partir de caractéristiques communes.

En 2017, l’équipe de recherche Google Brain parvient à faire communiquer « Alice et Bob », deux intelligences artificielles qui ont créé leur propre méthode de chiffrement, d’une manière qu’une troisième ne parvient pas à déchiffrer.

Au sein de cette équipe, on retrouve Geoffrey Hinton, un des chercheurs à l’origine des technologies d’IA génératives, et qui fait partie de ceux qui s’inquiètent désormais de la place qu’elles prennent dans la société.

Cette méthode d’apprentissage profond utilise des réseaux neuronaux pour résoudre des tâches complexes. Ces modèles de type « Transformers » ont permis d’avancer dans les domaines de l’analyse du signal sonore ou visuel, comme la reconnaissance vocale et la reconnaissance faciale, la vision par ordinateur, et bien sûr le traitement automatisé du langage.

Généalogie du Web, des réseaux sociaux et des usages numériques jusqu’aux métavers et à l’arrivée de ChatGPT (fin novembre 2022)

En 2017, Google Brain parvient à faire communiquer deux intelligences artificielles « Alice et Bob »

Des questions existentielles

Pourquoi la déferlante des IA génératives est-elle perçue par certains comme un véritable cataclysme ?

Avant de se fondre dans la société, toute nouvelle technologie (et son cortège d’usages potentiels), même si elle suscite d’emblée l’enthousiasme de certains et l’inquiétude chez d’autres, suit un cycle classique d’adoption en 3 phases : ridicule, dangereuse avant de devenir évidente. Effet de surprise sans doute, l’arrivée fulgurante des IA génératives lui a semble-t-il fait griller la phase 1 pour sauter directement dans la case « dangereuse », qui invite l’Humanité à se poser d’emblée des questions existentielles.

Faut-il craindre le « pouvoir » des machines ?

 

Que la brusque apparition dans l’espace public d’une « machine » capable de discuter d’égal à égal avec les Humains fasse surgir des fantasmes d’apocalypse algorithmique n’est pas anormal. La science-fiction nous a livré de tels scénarios chargés de visions et d’émotions qu’il devient désormais difficile de les tenir à distance du réel !

– Hi ckiou s’est effectivement inquiétée de voir passer de nombreuses prédictions apocalyptiques qui font penser aux pires scénarios imaginés par les auteurs de science-fiction. Est-ce que les Humains de l’IA générative auraient zappé les 3 lois de la robotique d’Isaac Asimov ?

– Ne t’inquiète pas cKiou, actuellement, rien de rationnel ne permet de penser que les machines aient d’elles-mêmes de mauvaises intentions. Si risque il y a, il relève de mauvaises intentions de certains Humains. Cela dit, ce n’est pas parce qu’aujourd’hui rien de rationnel n’annonce l’apocalypse qu’il ne faut pas faire preuve de vigilance !

Rappelle-toi que si les Humains, petits chasseurs-cueilleurs sans crocs, sans griffes ni fourrure et pas très rapides, en sont arrivés (quelques siècles plus loin) à rédiger des algorithmes malgré leurs prédateurs potentiels et des environnements parfois hostiles, c’est grâce à leur instinct de conservation.

Instinct qui leur a permis de se fabriquer des armes et des outils mais aussi des moyens de se protéger, parfois (souvent) même de leurs propres inventions.

Il y a sans doute quelque chose de cet « instinct de survie » dans l’écriture par Isaac Asimov de ses « lois de la robotique ».

Aujourd’hui, au regard des leçons laissées par l’Histoire (pas seulement numérique), rien ne permet de penser (croire) que les IA génératives seraient vouées à provoquer autre chose que des « évolutions » sociétales, comme l’a fait l’arrivée de chaque technologie qui a dessiné l’Humanité depuis Sapiens.

De même que l’on peut aussi l’entendre entre les lignes d’une « Lettre ouverte » de quelques centaines d’acteurs et experts du numérique, une « lettre ouverte » pour « mettre en pause les recherches sur les Intelligences Artificielles génératives ». Parmi les signataires, Steve Wozniak cofondateur d’Apple, ou encore des chercheurs de DeepMind (Google), des grands noms de l’IA comme Yoshua Bengio, un des pionniers de l’apprentissage profond, Stuart Russell Pr. à l’université de Berkeley ou encore Gary Marcus, Pr. émérite de psychologie et de sciences neurales. Ils appellent : « tous les laboratoires d’IA à suspendre immédiatement, pendant au moins 6 mois, la formation des systèmes d’IA plus puissants ».

Ils demandent que « la recherche et le développement de l’IA soit recentrés sur la fabrication des systèmes puissants et à la pointe de la technologie pour qu’ils soient plus précis, sûrs, interprétables, transparents, robustes, alignés, dignes de confiance et loyaux ».
Tous en appellent à la mise en place de protocoles de sécurité, éthiques et transparents, et à la mise en œuvre de régulations par des autorités de réglementation compétentes dédiées à l’IA. Ils souhaitent également le développement de systèmes de gouvernance de l’IA robustes avant tout reprise de nouveaux développements.


 

Pour rester informé

INSCRIPTION

(les adresses e-mails ne sont ni affichées ni cédées à des tiers)