cKiou questionne Frédéric Fougerat sur la communication…

La communication est-elle un vrai métier ?

Dire que la communication n’est pas tout à fait un métier comme les autres n’est pas un scoop, mais est-ce vraiment un métier ? Pour l’exercer depuis « toujours » ou presque ;-), je peux attester qu’il est fréquent de devoir « justifier » que ce job ne doit rien à l’improvisation ni à une quelconque dilettante. Pourtant, dans l’imaginaire collectif, la communication n’est pas toujours étiquetée comme un métier tel qu’il se définit communément : « un métier est une profession, une activité utile à la société, donnant des moyens d’existence à celui qui l’exerce. Il relève d’un ensemble de savoir-faire (ou capacités techniques) acquis par l’apprentissage ou l’expérience ».

Qui mieux qu’un DirCom de grand groupe pour nous faire comprendre pourquoi la communication est un vrai métier !

cKiou a eu le privilège d’interviewer Frédéric FOUGERAT, Directeur communication et marketing du groupe FONCIA, sur cette question…

La communication, c’est un vrai métier !

Frédéric FOUGERAT
Directeur communication et marketing du groupe FONCIA

Comprendre en 5 minutes pourquoi la communication est un vrai métier…

– Hi, bonjour Frédéric ! cKiou était impatiente de te connaitre ! Il faut dire que Françoise, mon auteure, m’a beaucoup parlé de toi ! Ne le répète pas, mais je peux te dire que ta vidéo (ci-dessus) « la communication c’est un vrai métier » l’a touchée au cœur… Tu l’auras compris, elle est passionnée par son job, et j’imagine que toi aussi ? D’ailleurs, comment as-tu choisi ce métier ?

Frédéric Fougerat

– Je n’ai pas vraiment choisi ce job, il s’est imposé à moi. J’ai débuté à l’époque de la création des radios libres, où en plus d’animer du temps d’antenne, je dirigeais la communication d’une radio locale. Cette première expérience m’a amené à diriger la communication de collectivités territoriales puis, fort d’années d’expérience, celle de grands groupes privés.

– Hi, cKiou aimerait bien comprendre pourquoi tu as ressenti le besoin de dire ainsi haut et fort que la communication est un vrai métier ? Un dentiste, un comptable, un journaliste ou même un footballer… n’ont pas besoin de convaincre qu’ils exercent un vrai métier. Alors pourquoi un DirCom doit-il le préciser ?

– Il y a trente ans la communication était plus considérée comme une occupation qu’un métier. Une activité à la portée de toute personne disposant d’un bon rédactionnel et d’un bon relationnel. En trente ans, cette fonction s’est professionnalisée, et, avec l’arrivée de l’informatique, de l’Internet, puis des réseaux sociaux, c’est devenu un écosystème d’expertises techniques, artistiques, juridiques, numériques…

Une bonne communication repose sur un contenu de qualité, du sens…

Qu’est-ce qu’une bonne communication ?

– Hi, cKiou aimerait savoir si tu crois qu’un monde irrigué par le numérique peut/doit infléchir ce ressenti et mettre en évidence l’impact d’une bonne stratégie de communication ? D’ailleurs, Frédéric, comment tu définirais une bonne communication aujourd’hui ?

– Oui, l’ère numérique dans laquelle nous évoluons a fait naitre de nombreux nouveaux métiers : Web Designer, Trafic Manager, Community Manager, Brand Content Manager…qui rendent antédiluvienne l’idée d’une communication synonyme de simple occupation.

Quant à une bonne communication, c’est probablement une communication simple et efficace, basée sur un contenu de qualité, du sens et des outils de création, production et promotion, pilotés, coordonnés et animés par des équipes aux compétences et à l’expertise avérées, au service de l’image, de la notoriété et de la réputation d’une marque ou d’une entreprise.

Associer la communication à la stratégie de l’entreprise

– Hi, cKiou t’a entendu préciser que « la communication n’est pas la variable d’ajustement de l’inorganisation des autres »… Françoise dit elle aussi que l’on fait souvent porter le chapeau à la communication de tout ce qui ne va pas dans l’entreprise… Que ce soit la difficulté à tenir des objectifs ou à atteindre des résultats ou même des problèmes internes, et que sais-je encore. Comment tu expliques que la com’ serve ainsi si souvent d’exutoire ?

– Exact, la communication n’est pas la variable d’ajustement de l’inorganisation des autres. Pourtant, certains dans l’entreprise pensent encore qu’une petite présentation, un petit logo, un petit discours, une petite photo… ce n’est pas du travail, que ça ne s’organise pas, ne se prépare pas, que ça demande juste un petit peu de temps, et qu’on peut le demander à la dernière minute.

Pour d’autres, au lieu d’associer la communication en amont des projets, pour l’intégrer dans la stratégie, ils l’associent en dernière minute, parfois le vendredi soir pour un communiqué de presse à publier le lundi matin, pour un projet sur lequel l’entreprise travaille depuis des mois !

Pour beaucoup, la communication est accessoire ou ne sert qu’à faire jolie, sauf en cas de crise, ou tout d’un coup la communication deviendrait alors la solution miracle aux pires situations à gérer.

– Hi, cKiou a compris que lorsque les Humains parlent de « stratégie » en entreprise, ce mot porte une vraie valeur. Au point qu’aucun professionnel n’oserait imaginer fonctionner sans stratégie. Alors comment tu expliques qu’il soit encore difficile d’associer les mots « stratégie » et « communication » dans une gouvernance d’entreprise ? Est-ce que ce n’est pas un peu paradoxal, si on laisse la communication à la marge des projets, de la rendre responsable des maux de l’entreprise ?

– Oui, tu as raison cKiou, c’est à la fois paradoxal et irresponsable. C’est même aujourd’hui, si ce n’est une faute professionnelle, une incompétence préoccupante, car la stratégie de communication a pour mission d’accompagner la stratégie de l’entreprise, elle ne peut donc pas être mise en marge des projets ou associée à la fin.

Ne pas associer la stratégie de communication à la stratégie de l’entreprise relève, si ce n’est d’une faute professionnelle, du moins d’une incompétence préoccupante !

Dircom, un métier humain qui a de l’avenir !

– Hi, cKiou se demande quels conseils tu donnerais à un.e jeune qui se verrait bien Dircom comme toi ?

– Mon conseil serait de ne pas chercher à occuper une fonction, mais plutôt à s’accomplir dans son travail. La fonction ne doit pas être un objectif. Il faut s’éclater dans ses missions, accumuler de l’expérience, être curieux, engagé, travailler beaucoup…puis un jour les responsabilités arrivent, voire s’imposent à toi. Il faut savoir saisir les opportunités, provoquer la chance, mais ne pas faire de la fonction une fin en soi.

– Hi, sinon cKiou voit passer plein de questions sur l’impact des Intelligences Artificielles sur la place des Humains et donc sur l’évolution du travail et des métiers. Tu crois qu’une IA risque un jour de se retrouver à ta place ?

Je ne pense pas que l’IA risque de se retrouver un jour à ma place, ou alors son évolution aura dépassé tous nos pronostics, même les plus délirants. L’IA va révolutionner nos métiers sur plein d’aspects, liés à la connaissance, à l’archivage, à la mémoire…peut-être même dans l’exécution. Mais je n’imagine pas l’IA prendre la place de l’Humain dans la création, l’émotion, le sens politique, l’empathie, la gestion de risque, le management des équipes ou la décision.

– Hi, cKiou te remercie Frédéric ! Je suis très fière d’avoir échangé avec toi. Et je ne pense pas me tromper en disant que tes propos sont parfaitement alignés avec ceux de Françoise ! Je me demande même si elle ne m’a pas créée entre autres pour éveiller les consciences sur le fait que « la communication est un vrai métier stratégique » dans le monde numérique !

Frédéric Fougerat est directeur de la communication et du marketing du groupe Foncia.
Il est notamment l’auteur du livre « Le goût des autres » aux éditions Bréal.
Sur Twitter @fredfougerat

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