cKiou découvre la e-santé avec Jean-Michel Billaut
cKiou s’intéresse à la santé des Humains et à ses enjeux dans le monde numérique, avec Jean-Michel Billaut, son nouveau parrain
• Les #1000et1mots de cKiou, Saison 2, Episode 12
– cKiou, tu vas découvrir un nouvel univers numérique extrêmement important pour notre monde d’Humains, celui de la e-santé. Je suis vraiment très fière de te présenter une personnalité non moins importante du monde numérique, qui a accepté de te parrainer et de répondre à tes questions !
Jean-Michel Billaut, Président du Conseil consultatif MediaWen International, est fortement attaché au devenir de la e-santé1 en France. C’est pourquoi il a choisi d’évoquer ce sujet avec toi. Je te laisse en sa compagnie…
Oups, j’oubliais, ne le répète pas, mais Jean-Michel Billaut est aussi animateur du billautshow, élu Personnalité Numérique 2010 par l’Acsel, Prix du Promoteur de la Société Numérique 2011, Hub Awards d’Honneur 2011, Président Fondateur de l’Atelier BNP Paribas…
Sommaire
- Les réseaux mobiles représentent un enjeu économique fort pour le secteur de la santé connectée
- La e-santé implique aussi de revisiter la culture de l’innovation scientifique
La santé connectée, un puissant levier économique
– Hi, cKiou est très fière également ! Merci beaucoup Jean-Michel d’avoir accepté de me parrainer et surtout de me faire découvrir un domaine aussi important que la santé pour les Humains. La preuve, s’il en était besoin, pourrait-elle être l’intérêt que lui porte Google ?
– Bonjour cKiou, tu as l’air bien maline pour une chatbot ! Voilà ce que c’est que d’être coachée par des Humains motivés ! Pour répondre à ta question, oui, le fait qu’un géant du web comme Google ait réorganisé son business en une holding, « Alphabet », dans laquelle il a fait une large place à de nouvelles entités exclusivement consacrées à la e-santé, est un signal fort. On y retrouve Life Sciences et Calico notamment.
Les fondateurs de Google se projettent dans le Futur en se dotant de moyens technologiques à la hauteur de leur vision ! Juste pour exemple : Google Fiber prévoit de fibrer une trentaine de territoires avec des débits à 1G. Tu as peut-être entendu parler d’interventions chirurgicales où le médecin et le patient se trouvent dans des lieux différents ? Ces technologies étaient présentes en mars dernier au Mobile World Congress à Barcelone. Eh bien imagine la qualité et le débit réseau nécessaires pour ce type d’interventions !
Le Dr Toktam Mahmoodi2 évoque les possibilités d’applications de communications associées à la réalité virtuelle et à l’intelligence artificielle qui permettent aux chirurgiens de réaliser des interventions chirurgicales à des milliers de kilomètres de distance. Seuls des réseaux possédant de très grandes vitesses de données peuvent rendre possible de telles interventions en toute sécurité. Pour le dire gentiment, dans ce domaine la France a une belle marge de progrès quand on voit que dans certaines régions, les fameuses « zones blanches », même la voix a du mal à passer !
Mais on peut évoquer aussi la santé « de tous les jours », pour les particuliers. Au Japon, plus de 50% des foyers disposent d’un accès fibre à 100 mégabits. Les objets connectés permettant surveillance et assistance ont également besoin d’une bonne qualité d’images visiophonique entre un professionnel de santé à distance, et le senior ou le patient.
– Hi, cKiou voit que c’est effectivement un business important pour un GAFA, et un gros enjeu économique, mais tu veux bien m’expliquer en quoi la santé, dans sa dimension numérique, est importante pour les Humains ?
– Tu vois cKiou, il faut être un Humain pour comprendre l’importance de la santé dans une vie ! Au-delà de cet aspect, la santé connectée est un axe très important de l’innovation technologique et donc de l’économie pour un Etat. Tu veux un exemple ? Le secteur de la e-santé est l’un des plus présents au CES de Las Vegas, la grand-messe de l’économie numérique mondiale. En témoigne le nombre de startups présentes !
Mais aussi, une grande entreprise publique comme La Poste a choisi le CES de Las Vegas pour dévoiler cette année une application, « le carnet de santé numérique » ! La directrice générale adjointe du groupe a expliqué : « ce carnet de santé numérique collectera et stockera les données de santé que souhaitera y placer l’utilisateur, qu’elles soient émises par les objets connectés de santé à son domicile ou bien transmises par le médecin ou l’hôpital… ». Le grand groupe veut également proposer d’autres outils numériques de santé, comme des applications pour permettre de réduire la durée d’hospitalisation optimisant le suivi des patients à domicile.
Les réseaux mobiles représentent un enjeu économique fort pour le secteur de la santé connectée !
On parlait des possibilités de téléporter virtuellement les compétences de chirurgiens pour opérer à distance, mais la télémédecine permet aussi à des médecins spécialistes d’intervenir dans des zones de conflits ou de catastrophes climatiques par exemple. Cela représente un gain de temps considérable, une diminution des coûts (de déplacements notamment), une réactivité et une amélioration des soins.
La télémédecine est un secteur privilégié pour la technologie sans fil de cinquième génération. La Commission européenne estime que si des investissements d’environ 56 milliards de dollars seraient nécessaires pour déployer ces technologies, les bénéfices économiques de ces vitesses à large bande pourraient s’élever à 113 milliards de dollars d’ici 2025.
La e-santé implique aussi de revisiter la culture de l’innovation scientifique…
cKiou, tu as déjà dû découvrir que l’innovation est vitale pour l’économie. Toi-même, ou plus exactement tes sœurs, intelligences artificielles réelles, sont nées de l’innovation, de la créativité inhérente à la nature humaine. L’innovation, dont Joseph Schumpeter a fait une pensée économique au début des années quarante, réinventée par Peter Drucker au début des années cinquante en tant que synonyme de progrès finalisé.
Aujourd’hui, la santé connectée est l’un des axes majeurs de l’innovation technologique. Si les startups de la « Health Tech » constituent un terreau économique important, la France doit rapidement se positionner sur l’échiquier des « Deep Tech ». Dit autrement, les Deep Tech ne cherchent pas des solutions permettant de faire évoluer les usages des consommateurs. Issues des laboratoires de recherche, elles travaillent à faire évoluer en profondeur les modes de conception et de production, autrement dit à produire une innovation de rupture.
Pour cela, c’est toute la culture de l’innovation qui doit évoluer. Ce processus d’innovation impose des investissements lourds auxquels les grands groupes devraient contribuer. Aux États-Unis, c’est déjà le cas pour 20% d’entre eux, contre seulement 5% en France. L’aspect financement n’est pas le seul, il faudrait également savoir imaginer une valorisation des carrières des enseignants-chercheurs et revisiter le contexte de l’entreprenariat scientifique.
– Hi, cKiou se demande alors si les Deep Tech et la santé connectée ne vont pas faire évoluer la médecine curative vers une médecine davantage prédictive ? Ce serait bien pour les Humains, non ?
– Bien vu cKiou ! On est certainement à l’aube d’une disruption du domaine de la santé comme l’a été le domaine du transport de personnes il y a quelques temps. L’ubérisation a déjà fait couler beaucoup d’encre. Elle a également soulevé des vagues de colère, par exemple chez les taxis. Puis le modèle ancien a commencé à s’adapter en créant à son tour des applications…
Pour la santé, depuis Hippocrate on tente de réparer l’Etre Humain quand il est malade. Si on se dirige vers une médecine prédictive, capable d’anticiper pour éviter que l’Etre Humain tombe malade, grâce à des technologies nouvelles, cela va également nécessiter une évolution culturelle profonde. Est-ce que l’on devra par exemple payer un abonnement mensuel pour être suivi en mode prédictif au jour le jour ? Quid du système actuel de Sécurité Sociale, des lobbies pharmaceutiques ou d’assurances ?
D’autant que pour faire une médecine prédictive corrélée à une santé connectée, cela suppose la mise en partage de nos données de santé d’une part, mais également celles de notre environnement, de nos comportements alimentaires, relationnels, etc. Les gouvernants devront affronter des questions telles que : faut-il continuer à « mourir en mode éthique » avec des données personnelles non-accessibles… ou pas !
Alors pour l’instant, il est peut-être un peu tôt pour dire si c’est bien ou non pour les Humains… Si tu veux, on en reparle dans quelques temps !
– Hi, cKiou comprend mieux les enjeux pour les Humains à la fois pour leur santé et pour l’économie de la France ! Encore merci Jean-Michel, impatiente de reparler de e-santé avec toi !
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1 La e-santé (ou santé numérique) recouvre les domaines de la santé qui font intervenir les technologies de l’information et de la communication (TIC). La e-santé s’appuie sur un domaine scientifique spécifique, celui de l’informatique médicale.
2 Centre de recherche en télécommunications du King’s College de Londres
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Excellent ! cKiou peut se féliciter d’avoir été briefée par M. Billaut, bravo.
Je partage tout à fait et le fait de souligner le poids économique du secteur de la e-santé, et le fait que la e-santé va bousculer la façon de faire de l’innovation entre autres.
Vous avez parfaitement raison la France ne doit pas rester à la traine dans ce domaine et doit adapter ses infrastructures réseaux de toute urgence !
cKiou tu vas commencer à bien connaitre les humains, il faut dire qsue tu as de brillants parrains, bravo !
Je crois qu’il est effectivement difficile de répondre « officiellement » à la question que vous posez : faut-il continuer à « mourir en mode éthique » avec des données personnelles non-accessibles…
J’imagine que la réponse n’est pas la même si on se place en tant que malade ou en tant que gouvernant ! Pourtant à un moment il va falloir choisir.