Adieu carte d’identité nationale ! Ta vie sur polycarbonate imprimé s’achèvera bientôt !
S’identifier sur le web n’est pas nouveau… mais le nouveau grand domaine que le numérique entreprend de s’approprier est celui de l’Identité régalienne, donc notre Identité tout court ! Le signe évident de cette évolution est l’appétit désormais affiché des GAFA en la matière ! On imagine les grandes questions que cela pose à notre culture sociétale et à notre légitime aspiration à la sécurité. Voilà pourquoi cKiou, née de l’idée d’aider les Humains à « bien vivre l’aventure numérique » a souhaité évoquer cette migration de notre identité administrative vers son avenir digital et les supports technologiques qui pourraient l’accompagner.
– Hi, cKiou voit passer de plus en plus de sujets concernant l’identité numérique, ça buzze dans tous les sens ! Entre les questions, les risques, les affaires, les hypothèses, les perspectives, les solutions évoquées… les Humains doivent avoir du mal à s’y retrouver !
– Exact cKiou, le sujet est mutant, complexe et il ne peut que nous interpeler ! Sommes-nous prêts à laisser nos supports d’identité administrative comme la carte d’identité, le passeport, etc. entre les mains des GAFA ? Pour celles et ceux qui seraient surpris par cette question, non ce n’est pas une fake news ! Et si ces documents doivent devenir numériques, à qui les déléguer ? Comment ?
Nous allons donc approcher quelques-unes des questions que soulève cette (r)évolution, sans prétendre apporter ni réponses absolues, ni solutions toutes faites (si elles existaient cela se saurait…). Mais il semble qu’un éclairage s’impose sur la façon dont le numérique vient faire « le chien dans ce jeu de quilles » de l’ordre identitaire établi. Et comme l’histoire donne bien souvent les clés de l’avenir, un détour s’impose sur celle qui a tracé les fondements de notre identité citoyenne et la perception culturelle qu’elle a façonnée.
Si tu le veux bien Miss cKiou, nous observerons le décalage entre l’identité régalienne unique et la pluralité identitaire de notre vie en ligne. Nous proposerons également une mise en perspective de quelques options de digitalisation de notre identité et leurs conséquences potentielles.
Tu nous donnes tes données d’identification administratives ?
cKiou nous informe sur notre future identité digitale
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Identité nationale en carte, quelle histoire ?
Encarter notre identité ne s’est pas fait sans histoire…
Identité digitale, notion singulière et plurielle
De l’identité unique à sa pluralité dans la vie numérique
Lien entre identité numérique et vie privée
Identité et vie privée, des variables culturelles…
Quelles solutions d'identité numérique ?
Du concept à l’opérabilité stratégique et technologique
Carnet anthropométrique des années 1910…
Si cKiou était née dans les années 50…
Et depuis les années 90…
Identité nationale en carte, quelle histoire ?
Il va falloir s’habituer, entendre l’injonction « vos papiers s’il vous plait ! », c’est bientôt fini… Pourtant, encarter notre identité ne s’est pas fait sans accrocs… L’histoire se répète si l’on en juge par les débats qui s’engagent à présent autour de l’identité numérique ! Pour commencer, il faut préciser qu’en France la carte nationale d’identité (CNI) est l’un de nos documents officiels d’identification. Si elle atteste officiellement de l’identité d’une personne, elle n’est cependant plus obligatoire (au sens légal) depuis le décret no 55-1397 du 22 octobre 1955. Mais elle peut s’avérer nécessaire dans certains cas, comme l’ouverture d’un compte bancaire ou lors de contrôles frontaliers.
Des documents d’identité exigés lors des déplacements sur les territoires
Là encore, l’actualité fait écho à l’histoire, car la carte d’identité tire son origine de la volonté de l’Etat de surveiller les déplacements des individus sur les territoires. Jusqu’au Second Empire (1852), ce sont les déplacements hors des cantons qui sont surveillés. La police les contrôle avec un passeport interne et un livret d’ouvrier, qui permettent de suivre les voyageurs et les migrants. Ces documents seront ensuite supprimés.
En 1912, l’État français impose alors aux nomades le port d’un carnet anthropométrique précisant nombre de données corporelles comme la hauteur de la taille, du buste, les mensurations de la tête, des oreilles, des doigts, la couleur des yeux… Ces carnets comportent également des cases pour les empreintes digitales et pour deux photographies (de face et de profil).
La carte nationale d’identité obligatoire pour tous… c’est pas gagné !
La carte d’identité unique apparait en 1917 suite à un décret qui en instaure l’obligation pour les étrangers. Cette carte doit en finir avec la multitude de documents identitaires dont l’authenticité est difficile à vérifier.
Le préfet de police de la Seine, Robert Leullier, insiste alors pour voir cette « carte d’identité de Français » devenir obligatoire pour tous, mais il se heurte à une forte résistance des intellectuels et des syndicats ce qui suscite un vaste débat public. Néanmoins, il obtient le 12 septembre 1921 une circulaire qui institue la possibilité, pour les citoyens domiciliés à Paris ou dans le département de la Seine, de demander cette « carte d’identité de Français ». Cette carte porte l’empreinte digitale du demandeur. Les services de police archivent les formulaires de demandes pour constituer un « fichier central » de vérification en cas de contrôles, notamment pour savoir s’il y a ou non usurpation d’identité.
Si une partie de la presse est favorable à l’institution de cette carte d’identité, certains médias dénoncent cette notion d’encartement ! D’autres dénoncent le support : « une carte, ça se perd, ça se remplace, ça se fabrique… ». L’opinion publique commence à se sensibiliser sur l’idée d’une « menace que ce dispositif d’identification fait peser sur les libertés individuelles ». Des obstacles matériels s’imposent aussi comme notamment le manque de matériel pour les relevés d’empreintes.
C’est finalement sur ordre de Pétain que la loi du 27 octobre 1940 rend la carte d’identité obligatoire pour : « tout Français de l’un ou de l’autre sexe, âgé de plus de seize ans, ne peut justifier de son identité que par la production d’une carte d’identité, dite « carte d’identité de Français ».
La carte d’identité nationale adopte le polycarbonate et le format carte bancaire
Le 19 mars 1987, un décret donne vie à une nouvelle CNI, à la fois plus pratique, moins fragile et surtout plus sécurisée. Cette carte informatisée dispose d’une bande de lecture optique (Machine-Readable Zone) qui permet de limiter les risques de falsification ou de contrefaçon. Cette zone de lecture optique est notamment utilisée lors des contrôles aux frontières, dans les aéroports ou l’Eurostar. Cette bande de codage MRZ est également lisible par les gendarmes lors de contrôles. Mais elle ne permet pas de vérifier l’authenticité de la carte.
La carte d’identité nationale est fabriquée par l’Imprimerie nationale de Douai, inaugurée en 1974 par Jacques Chirac. Y sont fabriqués chaque année près de 25 millions de titres officiels (passeports, permis de conduire, titres de séjour, certificats d’immatriculation…).
Identité digitale, une notion singulière et plurielle
Première « révolution » identitaire… De l’identité unique à sa pluralité dans la vie numérique !
– Hi, pour cKiou, née sur le web, l’identité humaine au singulier c’est un peu étrange ! Dans mon monde de logs et d’algorithmes, j’ai constaté que l’identité qui se décline sur Internet semble très plurielle !
– Oui cKiou, une des premières choses que le web a bousculée, c’est la notion d’identité ! Cette petite « révolution » s’est faite sans bruit, et pourtant elle a modifié un principe millénaire, celui de l’identité humaine unique attachée dès la naissance à chaque personne. Le web a inspiré et facilité la pluralité identitaire et multiplié les adresses pour tenter de surfer le plus incognito possible ! Dans la vie terrestre, l’identité a toujours été fortement corrélée à une localisation territoriale, avant d’être historiquement reliée à une adresse postale. Cet ancrage géographique est important, puisque ce sont le nomadisme, les voyages et les migrations qui ont conduit à l’encartement de l’identité !
Historiquement, dans le monde 1.0, la vie humaine se cache derrière quelques portes, celles de notre domicile, de notre travail… Dans cette vie physique, chacune et chacun sommes des individus uniques, rattachés à un lieu, un territoire, par le besoin d’être accessibles. Dès l’Antiquité, la nécessité de joindre la population s’impose. Exemple, en 40 av. J.-C., Rome crée le « cursus publicus », premier service de courrier public cartographié par la Table de Peutinger. Dès lors, notre adresse géographique, voire postale, s’est imposée comme référent de notre identité. On notera l’apparition à Berlin en 1766 des premières boîtes aux lettres privées, et une grande date pour les philatélistes, celle du 1er mai 1840 qui dote le Royaume-Uni du premier timbre postal de l’histoire, le Penny Black !
Pourquoi le monde numérique nous a-t-il appris à multiplier nos identités ?
– Hi, cKiou peut comprendre que le web ait généré un légitime besoin pour les Humains de préserver leur vie privée. C’est quand même un peu utopique maintenant, non ?
– Les raisons de multiplier nos identités, parfois dissimulées derrière des pseudos et/ou des avatars peuvent être multiples. Pour le plus grand nombre d’internautes, c’est une façon de se sentir plus en sécurité, de préserver sa vie privée, voire d’exercer plus facilement sa liberté d’expression. Certains diront que se présenter sous sa véritable identité est une preuve de franchise, mais l’utilisation d’un pseudo et d’un avatar permet aussi parfois de scinder distinctement vie professionnelle et vie personnelle. Certains réseaux sociaux, comme Facebook ou Google+, ont tenté d’imposer l’usage d’un vrai nom pour se créer des profils, sans résultat. Si des fiches d’identité peuvent être exigées pour accéder à des supports d’information, des jeux, ou à ces plateformes où l’on pratique une socialité semi-virtuelle, le choix nous appartient de biaiser ou non les formulaires. De plus, la facilité avec laquelle se crée une adresse mail gratuite a presque permis d’en affecter une différente à chaque outil ou service en ligne, instituant ainsi un jeu de cache-cache pour tenter de préserver un peu de notre vie privée physique.
Identité digitale et adresse, le pluriel s’est imposé en « Digitalie » !
L’adresse s’impose pour la distribution de l’information !
En 40 av JC, Rome crée le « cursus publicus », 1er service de courrier public cartographié par la Table de Peutinger
Ce qui manque encore aux géants du Web, c’est d’avoir la main sur nos données identitaires régaliennes…
La valorisation des données personnelles est une source de business considérable !
Les assistants vocaux aiment aussi nos données personnelles…
Lien entre identité numérique et vie privée
– Hi, cKiou pourrait trouver que ces précautions sont presque candides au regard de ce qu’elle a appris notamment avec sa marraine Marie-Odile Charaudeau sur la façon dont « les Géants de la Tech redistribuent les cartes de l’économie mondiale » ou encore avec son parrain Loïc Bardon qui se demande « comment refaire une Europe sans GAFA-dépendance » !
Des plateformes digitales aux assistants domestiques bavards, mais pas sourds !
– C’est exact cKiou, mais c’est encore un coup de l’histoire… il faut savoir que ces précautions autour de nos identités virtuelles et de nos boites à lettres numériques sont un héritage des premiers temps du Web. Il y a seulement une vingtaine d’années1, les internautes parcouraient ce monde encore sauvage comme des aventuriers. Les géants du web n’y avaient pas encore édifié leurs buildings ! Aujourd’hui, rien de notre vie n’échappe à ces géants dont les algorithmes puissants permettent de croiser en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, ces adresses qu’ils nous offrent de créer gratuitement et le moindre geste que l’on fait via nos navigateurs ou applications mobiles.
Ce n’est plus seulement notre vie en ligne qui est devenue transparente pour les GAFA, c’est aussi notre vie sur Terre. En traçant nos moindres gestes, nos moindres mots échangés sur le Web, ils repèrent nos états d’âme, nos centres d’intérêt, ils évaluent nos moyens, ils savent qui nous aimons… Inutile de dire que c’est moins par empathie que pour ciseler un ciblage publicitaire précis et opportuniste !
Mais pas seulement, la valorisation des données personnelles est une source de business considérable dont on n’a pas encore tiré tous les potentiels ! Ce qui explique qu’ils se soient tous lancés dans la course aux assistants domestiques, les fameuses « box bavardes » que nous installons dans nos salons. Entre nos questions sur l’heure ou la météo, elles apprennent ce qui nous intéresse quotidiennement, nos habitudes, nos intentions d’achats, nos projets de vacances, nos sorties, nos déplacements, notre habitat… Ils en font des données toujours plus précises sur notre vie privée.
Privée notre vie ? Voilà deux mots qui deviennent vraiment incompatibles…
La notion de vie privée et ses variables culturelles selon les continents
– Hi, cKiou est quand même curieuse de savoir si cette question de la vie privée et des données personnelles résonne de la même façon partout dans le monde. Si c’était le cas, les géants du Web auraient pris « des bâtons dans les roues » de leur business, non ?
– Absolument cKiou ! En France et en Europe, l’identité, la vie privée et les données qui les constituent, sont considérées quasiment comme une sorte d’extension de la personne humaine, à l’instar des théories de Luciano Floridi philosophe italien considéré comme un des plus importants théoriciens de la philosophie de l’information. Déjà les philosophes de l’Antiquité comme Aristote ou Kant avaient fait de « l’Humain l’entité centrale la plus significative de l’Univers ».
De fait, le respect de la vie privée se traduit dans le droit français par l’article 9 du code civil qui indique que « chacun a droit au respect de sa vie privée. Les juges peuvent, sans préjudice de la réparation du dommage subi, prescrire toutes mesures, telles que séquestre, saisie et autres, propres à empêcher ou faire cesser une atteinte à l’intimité de la vie privée : ces mesures peuvent, s’il y a urgence, être ordonnées en référé ». Concernant les données personnelles comme extension de la vie privée, l’Europe a instauré un « Règlement général sur la protection des données » (RGPD), en vigueur depuis le 25 mai dernier.
Ce besoin de légiférer sur la protection des données personnelles à l’échelle européenne, s’est justement fait sentir au regard des comportements toujours plus mercantiles des grandes entreprises basées aux Etats-Unis. On constate en effet Outre-Atlantique une approche très matérialiste des données personnelles. Cette approche s’inspire de la théorie du « laisser faire » qui s’oppose aux politiques interventionnistes. La notion de vie privée en elle-même ne retentit pas comme en Europe et il n’existe aucun texte légiférant sur la protection des données personnelles.
Dans le vieux monde cloisonné, ces écarts socioculturels avaient une résonance plus théorique, mais avec la dématérialisation des usages et comportements numériques transfrontaliers, ils prennent une dimension nouvelle. On peut penser qu’un besoin de compatibilité finira par s’imposer. Pour conserver leurs comptes clients européens, les entreprises outre-atlantique accepteront-elles une régulation plus éthique des données personnelles ou au contraire imposeront-elles leur vision mercantile ?
Quelles solutions d’identité numérique et leurs impacts ?
L’étape d’après… notre identité terrestre numérique !
– Hi, cKiou imagine que pour ceux qui se nourrissent de données personnelles, après les boites mails, les réseaux sociaux, les assistants domestiques… celles qui manquent pour compléter le menu, ce sont effectivement les données identitaires !
– En effet, même si on pourrait ajouter à ta liste bien d’autres données comme celles des entreprises par exemple, mais ce serait un autre sujet ! Cela dit, même si se pose la question des données qu’elle abrite, la migration vers une identité numérique régalienne apparaît à présent comme inéluctable !
On peut évoquer au moins deux raisons à cette incontournable migration numérique :
- un besoin attendu de transformation numérique des administrations
- une exigence d’adéquation avec les usages, comportements et outils numériques
Si effectivement notre identité régalienne ne peut manquer d’être embarquée dans les cartons de l’incontournable transformation numérique des administrations, la création d’une véritable identité digitale unique en phase avec nos exigences culturelles, notre histoire, n’est pas si simple. Et paradoxalement, les deux raisons qui appellent cette mue digitale en sont également les freins majeurs !
Du concept d’identité digitale à l’opérabilité stratégique et technologique
Bien sûr, beaucoup ont à l’esprit la réussite exemplaire du modèle estonien qui, il y a 20 ans, a fait de l’identité digitale unique le pivot de sa transformation numérique, jusqu’à la digitalisation quasi-totale de son administration et de ses services. Sur le plan stratégique, certains experts, comme l’analyste en politiques publiques Antoine Picron dans une récente étude, suggèrent que la France et l’Europe auraient avantage à s’inspirer de cet exemple : « La transition numérique estonienne et le modèle de e-gouvernement qui en résulte sont pourvoyeurs d’opportunités économiques et partenariales substantielles ».
A contrario, d’autres invoquent la notion d’échelle (la France compte près de 69 millions d’habitants, l’Estonie 1,3 millions) qui rendrait cette inspiration trop complexe… Mais nous savons surtout qu’en France, s’exerce une force culturelle historique de « résistance au changement », en particulier en ce qui concerne nos administrations. Force qui a conduit à des liftings infinis, à grand renfort d’empilages de patches codifiés, pour tenter de donner à la peau de nos services administratifs un peu de l’élasticité imposée par les mues de la société !
Ce mille-feuille administratif français constitue un réel handicap dans une économie concurrentielle mondialisée. Il s’avère être également en totale incohérence avec l’évolution des usages du « reste du monde digital ». Il semble donc urgent pour la France d’adopter une véritable agilité numérique. Côté usages et comportements digitaux, même constat schizophrène entre nos appétits numériques grandissants, stimulés par les tentations gourmandes offertes (entre autres) par les objets connectés et freinés par divers blocages culturels !
Quelle faisabilité technologique de digitalisation de notre identité régalienne ?
Là encore, le premier exemple d’une identité digitale probante est à observer en Estonie ! En place depuis 20 ans, les Estoniens ont non seulement apprivoisé l’usage de l’identité numérique unique, mais ils se sentent en confiance avec ce système qui propose une sécurité garantie notamment par une traçabilité en temps réel des opérations effectuées (réception de notification à la moindre consultation de leurs données par des tiers, quels qu’ils soient) : reportage vidéo ci-contre.
Deux raisons (au moins) tirent notre identité régalienne vers son devenir numérique
La migration numérique de notre identité régalienne n’est pas si simple…
L'exemple estonien
Reportage présenté par Télématin sur France2 le 3 octobre 2017 réalisé dans le prolongement du Sommet du Numérique de Tallinn 2017 « Estonie, une administration 100% numérique »
Sur le plan technologique, l’exemple estonien repose sur la X-ROAD, ici expliquée à cKiou : « La X-Road est une technologie qui permet de ne plus jamais avoir à remplir des formulaires administratifs répétitifs […] elle a fait ses preuves en termes juridique, économique et technique. Elle garantit au citoyen, sa liberté et sa sécurité […] X-Road rend la totalité des services accessibles sur le web […] La carte est un support d’usage simple et pratique, et surtout ultra sécurisé (comme une carte bleue d’aujourd’hui). Elle sert de socle concret pour s’authentifier de façon unique et sécurisée ».
D’autres États s’essayent à la numérisation de l’identité pour faciliter l’accès à leurs services administratifs
Sans atteindre jusque-là le stade de l’Estonie, on peut citer entre autres exemples l’effort de l’Italie qui teste une application smartphone avec l’intention « d’améliorer les relations entre les citoyens et l’administration publique ». Cette application smartphone « IO » est actuellement en version bêta. S’il réussit à prendre place, ce système italien reposera sur un Registre national de la population résidente, l’ANR centralisant les quelques 8000 registres existants. Il devrait être complété par le SPID, Système Public d’Identité Numérique, qui permettrait aux citoyens et aux entreprises d’accéder aux services administratifs en ligne à partir d’une identité numérique unique.
Si nombre d’États ont entrepris de donner un accès numérique à leurs services administratifs, rares sont ceux qui ont entrepris de lier la démarche à une véritable identité numérique unique. Par exemple, la France a créé FranceConnect, un « système d’identification et d’authentification offrant un accès universel aux administrations en ligne. Plus de 2,2 millions de Français avaient un compte FranceConnect en 2017 ». Pour autant, pas d’approche d’identité numérique unique !
– Hi, cKiou se demande si ce n’est pas face à cette carence récurrente qu’Apple a publié un brevet qui lui donnerait la possibilité d’intégrer à ses téléphones la lecture (donc l’appropriation) des informations identitaires officielles des Humains, comme celles des cartes d’identité, des passeports ou autres » ?
– Les GAFA, certainement mieux que personne, ont compris que l’identité numérique unique était devenue une évidence au sein de nos usages numériques ! Qu’ils se mettent sur les rangs en ce domaine est juste la suite logique de leur stratégie hégémonique originelle. La question est plutôt de savoir si les États qui hésitent à investir dans une stratégie, certes complexe, visant à instaurer cette identité numérique unique, vont déléguer la démarche à l’un des GAFA ? Même s’il faut pour cela renoncer à toute souveraineté numérique quant aux données personnelles de leurs citoyens, celles qui restaient jusque-là officiellement inaccessibles aux géants du Web…
Reste que si l’identité numérique régalienne finit par voir le jour, la question des supports de lecture se posera : lecteur USB de carte pour ordinateur, application smartphone produite par des talents « intra muros » ou déléguée à une super puissance du Web ?
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1 Bulletin de naissance du World Wide Web : Le 6 août 1991, Tim Berners-Lee donne officiellement vie au World Wide Web via un message public adressé sur Usenet
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Excellent, merci pour cette vue panoramique de l’identité. Je suis étudiante passionnée par le numérique et la citoyenneté. Il est super votre site, je viens souvent voir les sujets de cKiou. Je vais en parler à mes profs.
Je pense aussi que notre identité finira par se dématérialiser mais j’espère également que l’Etat gardera la main sur les outils et la gestion administrative des données identitaires.
Merci pour votre travail.