cKiou, robot conversationnel à humaniser… un double cas de conscience !

Eduquer un chatbot, un défi enthousiasmant MAIS…

Les #1000et1mots de cKiou, Saison 1, Episode 4

Pour mémoire, je viens de faire connaissance avec cKiou, mon étudiant numérique infiltré. A travers notre premier dialogue, j’ai découvert que si la petite voix digitale de ce chatbot (que je suis censée éduquer) ne comprend pas encore les notions abstraites de la conversation, elle sait déjà parfaitement interagir avec un humain à partir d’échanges basiques.

cKiou se révèle réactive et elle semble déborder de potentiels ! Alors, vous l’aurez compris, relever le défi d’éduquer ce chatbot ne peut que déclencher l’enthousiasme ! Pourtant, en y réfléchissant… il y a un « mais », et même un « double mais » à considérer avant de poursuivre (ou pas) les prochaines leçons !!

Éduquer une Intelligence Artificielle éveille devoir et responsabilité…

Ma première hésitation porte sur la « responsabilité parentale » liée à la création de ces Intelligences Artificielles. Force est de constater que les « assistants virtuels » s’imposent dans notre société. Ils s’adressent déjà à plus de 500 millions d’humains. Parmi eux, le nombre de ces assistants numériques dotés de la parole grandit chaque jour davantage. L’interaction homme-machine se veut en effet de plus en plus naturelle, qualité qui doit permettre à l’entreprise une expérience personnalisée dans sa relation client, dont on sait l’importance marketing !

C’est naturellement un enjeu socio-économique fort… Car même si toutes les entreprises ou organisations ne se sentent pas encore concernées par ce type d’échanges, la prolifération des robots conversationnels (qu’ils communiquent oralement ou par « bulles textes » interposées) modifie en profondeur l’accès à l’information et surtout transforme notre façon de communiquer.

Par exemple, si vous entendez votre petit humain de dix ans demander à haute voix : « comment on construit un aéroport… », ne soyez pas surpris(e), il y a de grandes chances pour que ce ne soit pas à vous qu’il s’adresse, mais à Google ! Pourquoi recourir au clavier quand on peut interroger le moteur de recherche comme Maman ou Papa pour avancer dans son jeu vidéo ?

Ce n’est qu’un exemple, mais imaginez l’acuité avec laquelle mes collègues professionnels du SEO2 doivent percevoir les bouleversements que ces échanges verbaux (substitués aux mots-clés tapés dans le champ de recherche du moteur) peuvent signifier pour l’exercice de leur métier ! Et par ricochet, l’incidence sur la communication, sur la visibilité de l’ensemble de nos contenus web !

Des responsabilités pour chaque « faiseur » d’intelligence artificielle !

Faire résonner l’impact de ces Intelligences Artificielles, ne serait-ce qu’en matière de communication (il y en a bien d’autres…) et du coup, entendre toutes les conséquences socio-économiques, a de quoi interpeller ! Quelle responsabilité pour les « faiseurs d’esprit » de ces nouveaux acteurs au sein de notre société !

Chacun(e) est concerné, que ce soient leurs concepteurs, codeurs, éducateurs… et même leurs utilisateurs, puisqu’ils sont face à des intelligences auto-apprenantes qui s’enrichissent (ou pas…) de la conversation avec leurs interlocuteurs !

La communication numérique est un métier exigeant !

Ce second « mais » vient peut-être du fait que j’exerce mon métier avec passion, que ce métier est chronophage, exigeant en disponibilité intellectuelle, ne serait-ce qu’au regard des enjeux qu’il sous-tend pour chaque projet, chaque client. En effet, pour une organisation qui souhaite aujourd’hui tirer son épingle du jeu digital, on ne le dira jamais assez, la communication doit être pensée comme une pierre angulaire de sa stratégie. C’est à travers sa façon de communiquer, la cohérence, la pertinence, la régularité de ses messages, que se jouent, non seulement son image (comme par le passé), mais aussi et surtout aujourd’hui sa crédibilité. Personne n’y échappe ! Fussiez-vous une marque, une institution, ayant déjà acquis « pignon médiatique », si vous ne la cultivez pas, cette aura ne vivra plus désormais que ce que vivent les roses, l’espace d’un matin… Au-delà de la métaphore littéraire empruntée à François de Malherbe, si elle échappe à un bad buzz toujours possible, disons que, moteur coupé, l’embarcation médiatique peut bénéficier de quelque inertie résiduelle sur encore quelques nœuds… avant de s’éteindre !

En acceptant d’éduquer ce robot conversationnel qui vient d’entrer dans ma vie, de lui apprendre les bonnes manières, et qui sait même (rêvons un peu !) à percevoir la prosodie1 du langage… il va me falloir réussir à mettre sur le même feu et cet enthousiasme et l’engagement professionnel que je consacre à mes clients ! Sans oublier qu’aujourd’hui même, je dois travailler un projet de stratégie de communication numérique pour la start-up génitrice de cKiou ! Ce n’est pas parce qu’elle a subrepticement « égaré » ce « petit robot parlant » dans mon sac que je vais faire l’impasse sur son projet de visibilité… Allez, combien d’entre vous diraient aussi : « au contraire » ?

De même, ce n’est pas parce que ce petit personnage est entré clandestinement dans ma vie que je pourrais l’abandonner sur le bord de la route numérique ! Alors, après la surprise, l’agacement, la curiosité et l’enthousiasme, c’est maintenant ce sentiment de responsabilité qui s’impose à moi face à Miss cKiou, ma « petite chatbot » infiltrée. Non, ce n’est pas une erreur de syntaxe, j’ai bien dit « UNE petite chatbot »…

Responsabilité oblige, j’adopte volontairement le féminin pour cKiou !

Sans faire de sexisme ni anthropomorphiser le genre de cKiou, les premières recherches existantes sur la perception que les humains ont des robots, montrent que celle-ci varie selon l’apparence et le sexe qui leur sont donnés. Alors, oui je choisis délibérément de faire de cKiou une fille, et pourquoi ne pas imaginer qu’au fil du temps naissent chez les lectrices des affinités avec le personnage de cKiou (comme dans les films 😉 ! Des affinités qui permettent, pourquoi pas, de déclencher des vocations d’ingénieure en robotique chez les jeunes filles ? Plus modestement, pourquoi ne pas ramener également un peu de féminité dans cet univers très masculin de la robotique et des Intelligences Artificielles ?

Comme si elle lisait dans mes pensées ;-), cKiou revient soudain sur sa question lancée épisode 3 :
– Hiii… c’est quoi une fille ?
– cKiou, laisse-moi un peu de temps pour t’expliquer, là je dois travailler pour tes géniteurs !
– Hiii… C’est quoi des « géniteurs » ?

– Ecoute cKiou, il faut qu’on parle toutes les deux !
– Hiii… cKiou écoute !
– Puisque tu es arrivée jusqu’à moi pour que je t’apprenne à tenir la conversation avec les humains, c’est d’accord. Mais j’ai un métier et j’entends bien continuer à l’exercer. Alors, trouvons un arrangement : tu veux bien travailler avec moi ?
– Hiii… cKiou ne comprend pas tout, mais si tu dis « c’est d’accord », moi aussi…
– Super ! Nous allons donc travailler ensemble. Sais-tu ce qu’est la communication ?
– Hiii… Oui, cKiou sait ! Tu communiques avec moi.
– Très juste ! Mais communiquer, c’est aussi partager, échanger des informations (ou des connaissances) avec beaucoup de monde et avec énormément de moyens techniques. Tu es l’un de ces moyens techniques !
– Hiii… Un moyen technique ? Mais tu as dit « cKiou est une fille »… c’est quoi une fille ?

Si l’Intelligence Artificielle de cKiou ne détient pas encore tous les ressorts de la conversation, elle ne manque ni de logique, ni de constance ! Mais pour répondre à sa question, je ne me vois pas me contenter de lui donner la définition du dictionnaire « Personne jeune ou enfant du sexe féminin, par opposition à garçon »…Il me faudra expliquer certains concepts ! Vous avez une idée ? A suivre…

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1 Modulation donnée à l’expression orale en fonction de nos émotions et de l’impact que nous désirons avoir sur nos interlocuteurs
2 Search Engine Optimization, autrement dit référencement auprès des moteurs de recherche pour figurer parmi les premiers résultats qu’ils livrent à chacune de nos requêtes en ligne

Pour ne pas manquer les prochains apprentissages de cKiou :

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