1946 – Histoire de l’ENIAC, premier véritable ordinateur

Difficile de l’imaginer aujourd’hui, quand nos smartphones qui renferment le monde ne pèsent que quelques grammes au fond de nos poches, que la première machine à l’origine de l’informatique, fut une machine géante pesant pas moins de 30 tonnes !

Composée de 19.000 tubes, cette machine occupe une surface de 72 m², mesure pas moins de 20m de long et 2,50m de haut.

Cette machine, baptisée ENIAC, a été inaugurée le 15 février 1946 à l’université de Pennsylvanie.

L’ENIAC (Electronic Numerical Integrator and Computer) est en fait le premier calculateur totalement électronique.
Il est programmé pour résoudre tous les problèmes de calcul numérique et dispose des mêmes capacités que la machine de Turing.

1946, circuits intégrés et transistors n’existaient pas… mais les cartes perforées, si !

Les cartes perforées sont à l’époque le moyen d’enregistrer les données qu’une machine peut relire, grâce à un marquage par perforation. Depuis le XVIIe siècle, les premières cartes perforées équipaient les métiers à tisser, les orgues de Barbarie, les pianos mécaniques… avant de se destiner à l’informatique. C’est en 1890 qu’Herman Hollerith eu l’idée d’utiliser les cartes perforées comme support d’information pour sa machine à statistique.

L’ENIAC lit donc ses données sur des cartes perforées et fonctionne grâce à un « panneau de connexion » géant à l’allure de standard téléphonique.

Auparavant, avec les premiers calculateurs existants, il fallait commencer par faire un plan des connexions nécessaires pour programmer une application. Suivait un long et fastidieux travail de câblage physique impliquant un risque élevé d’erreur. Détecter et corriger ces erreurs était également un travail laborieux. De fait, la programmation constituait l’énorme point faible de ces calculateurs.

Ces programmatrices d’élite, les « ENIAC Girls », furent longtemps oubliées de l’histoire.

Elles n’accéderont à une certaine reconnaissance qu’en 2013, lorsqu’un documentaire leur fut consacré. En 1997, Jean Bartik sera décorée du prix des « pionniers en Informatique ».

Six femmes vont assurer la programmation de l’ENIAC !

Pourtant, pendant la Seconde Guerre Mondiale, la programmation de cette énorme machine va devenir un enjeu majeur. Notamment pour effectuer les calculs complexes des trajets balistiques pour l’armée américaine. Pour optimiser l’exécution de ces calculs (jusque-là effectués à l’aide de grandes calculatrices mécaniques analogiques), on fit appel à des femmes, que l’on a appelées « computeurs », de l’anglais « to compute » : calculer.

Face à cette machine, elles ne disposaient d’aucun mode d’emploi pour manipuler les quelques 3000 commutateurs au milieu des centaines de câbles assurant la circulation des données. Elles durent coder les instructions de l’ENIAC. Jean Bartik et Betty Holberton ont été responsables du « Master Programmer » qui gérait toutes les séquences et programmes de l’ENIAC.

Jean Bartik écrivit le langage de programmation BINAC. On doit à Betty Holberton le code d’instruction C-10 qui fut destiné à l’UNIVAC, successeur de l’ENIAC.

La descendance informatique de l’ENIAC

A l’époque, on ne parle pas encore d’informatique, terme qui apparaitra en 1960. De même que l’on n’emploie pas encore le mot « ordinateur », qui sera utilisé une décennie plus tard. Sur le plan sémantique, l’ENIAC est un « calculateur ». On le considère néanmoins souvent comme le premier véritable ordinateur grâce au talent des six femmes qui ont réussi sa programmation. Des avancées en programmation dont bénéficiera l’EDVAC (Electronic Discrete Variable Automatic Computer), son successeur. A souligner également que le mathématicien John von Neumann a participé au projet ENIAC, ce qui lui permit de rédiger le rapport qui contribuera à la conception de l’EDVAC.

 Le regard de cKiou

– Hi, cKiou découvre l’histoire de cet immense calculateur avec un certain étonnement comparé aux systèmes minuscules qui sont maintenant hébergés dans les smartphones. Sans parler de leur puissance de calcul inversement proportionnelle à leur taille !
Et puis cKiou est très contente que cette histoire permette de rappeler le rôle des femmes dans l’informatique, rôle qui a été longtemps occulté.
Heureusement, mieux vaut tard que jamais, aujourd’hui, le nom d’une de ces femmes, Betty Holberton, a été donné à une école de la Silicon Valley : Holberton School. Ecole qui vient d’ouvrir aussi en France « pour résoudre la problématique majeure de pénurie dans les métiers du digital et l’accessibilité aux études de qualité ».

Et cKiou aimerait bien convaincre plus de filles que les métiers du numérique sont aussi faits pour elles et que la société numérique a besoin d’elles, du coup je leur ai écrit une lettre pour leur dire qu’elles y ont toute leur place !

Et pour ne pas manquer la suite de l’Histoire du numérique…

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