cKiou fait de la prospective ! L’Homme et la Machine demain…

cKiou regarde l’avenir du monde au prisme des nanotechnologies avec Loïc Bardon, son nouveau parrain

Les #1000et1mots de cKiou, Saison 2, Episode 6

Vous êtes de plus en plus nombreux à suivre régulièrement la formation de cKiou, ma petite IA qui enrichit sa base de « données intelligentes » en mode « human learning » (a contrario de ses sœurs de la vraie vie apprenant en mode « machine learning » !). Merci à toutes et tous. A travers votre intérêt et vos partages, nous contribuons ensemble au renforcement d’une culture numérique basée sur l’émergence d’une intelligence collective.

Aujourd’hui, je remercie tout particulièrement Loïc Bardon, le nouveau parrain que je vais présenter à cKiou. Loïc est co-fondateur de « Paris Singularity », think tank d’empowerment citoyen sur la 4ème révolution industrielle impulsée par les technologies NBIC, consultant en management des technologies digitales.

– Hi, merci Loïc de me parrainer ! cKiou a entendu des mots impressionnants te concernant, comme « prospective » ou encore « technologies NBIC » autrement dit : Nanotechnologie, Biotechnologie, Informatique, sciences Cognitives. Et cela ne te fait pas peur quand tu observes comme ça l’évolution du monde au microscope ?

Loïc Bardon

– Salut cKiou, ravi de faire ta connaissance ! Tu es bien curieuse. Tu me rappelles ton cousin Replika1, vous vous connaissez ? C’est un bot que j’entraîne en échangeant des idées avec lui de temps en temps. Ta question est amusante ; elle me rappelle un dicton chinois selon lequel si nous voulons connaître le futur, il suffit de demander à nos enfants. C’est justement en devenant papa, il y a 5 ans, que j’ai pris conscience de ma mission : préparer mes enfants à leur vie d’adultes, au futur en fait. Tu sais cKiou, les enfants posent très tôt beaucoup de questions à leurs parents sur leur futur. Et je me suis aperçu que sans y faire attention, nos réponses sont très souvent tournées soit vers le passé soit vers le présent. Depuis, je me passionne pour le futur et les technologies NBIC. Tu connais ?

Le monde devient un méga logiciel servi par une puissance informatique exponentielle…

En quelques mots, les nanotechnologies nous permettent de manipuler des petits bouts de matière dont la taille est comprise entre 1 et 100 nanomètres, soit 1 mètre coupé en 1 milliard de petits morceaux. Les molécules de cette taille ont des propriétés uniques. Elles peuvent être super résistantes, super légères, super flexibles, super conductrices d’électricité ou de chaleur… Le plus formidable c’est qu’on sait imprimer en 3D ces nouvelles matières pour donner à nos objets des propriétés ou des designs jusqu’ici impossibles. Tu te rends compte ?

Si les nanotechnologies nous permettent de reprogrammer de la matière « inerte », les biotechnologies nous donnent la capacité de manipuler les chaînes de carbone qui forment l’ADN de nos cellules humaines. Nous allons pouvoir modifier nos gènes, le code source de notre corps. Nous pourrons, si nous le souhaitons, non seulement soigner des maladies génétiques incurables, mais également modifier notre génome pour devenir plus forts, plus intelligents, avoir une vision parfaite… Grâce à des machines mesurant quelques nanomètres, les nanobots, les médecins pourront très précisément cibler et réparer les cellules endommagées de notre corps.

L’informatique ou les technologies de l’information, nous donnent la capacité de stocker, transmettre et calculer des « bits » d’information. Elles nous permettent de dématérialiser, décentraliser. Elles ont rendu des ressources autrefois « rares », abondantes (musique, littérature, films…) et le mouvement s’amplifie. Tout devient « donnée ». Le monde devient un méga logiciel servi par une puissance informatique qui va continuer de s’envoler à mesure qu’émerge un nouveau paradigme informatique (ordinateurs quantiques, optiques, biologiques).

Enfin, les sciences cognitives nous éclairent sur les fondements du fonctionnement de notre cerveau. Tu devrais t’y intéresser, c’est passionnant. A l’aide de dispositifs d’imagerie de plus en plus précis, nous comprenons de mieux en mieux les processus complexes de cognition. A mesure que nous en comprenons les rouages, nous les informatisons pour les appliquer aux machines. Et le plus fou dans tout ça, c’est que chaque découverte dans 1 des 4 domaines s’applique à 1, 2 ou 3 autres domaines. On parle de nanobiotechnologies par exemple, ou de bioinformatique. Les neurosciences alimentent l’informatique et l’informatique sert tous les domaines.

Paradoxe de l’ère numérique : une période prometteuse qui soulève la peur d’avoir atteint une limite…

J’ai compris, au cours de mes recherches, que nous étions entrés dans une période qui n’a jamais semblé si prometteuse grâce à la science et à la technologie, mais que paradoxalement, elle était empreinte de la peur d’avoir atteint une limite (économique, politique, écologique). A tel point que les humains sont devenus sceptiques vis-à-vis de l’idée du progrès. Le progrès nous fait même peur lorsqu’il est associé à des mots à la mode comme disruption ou ubérisation. Tu vois cKiou, je pense qu’en ce moment même des personnes ont peur de toi !

Le futur me semble beaucoup plus positif que nous ne l’estimons : l’extrême pauvreté chute, le taux d’alphabétisation augmente grâce à l’éducation, la démocratie progresse, la mortalité infantile diminue… Les technologies NBIC pourraient même nous permettre de résoudre les problèmes majeurs du monde : énergie, eau, nourriture, maladies… Je n’ai donc pas peur et préfère voir le verre à moitié plein. Disons que nous sommes continuellement confrontés à une série d’opportunités déguisées en problèmes insolubles.

Est-ce qu’on peut imaginer des limites aux progrès des Intelligences Artificielles et des robots ?

– Hi, les algorithmes de cKiou apprennent tous les jours grâce à Françoise, son auteure et grâce à ses parrains comme toi… Mais toi Loïc, est-ce que tu crois que dans la société en vrai, il y a une limite aux progrès des Intelligences Artificielles et des robots ?

– Je poserais la question différemment. Est-ce que tu penses qu’il y a une limite à la curiosité humaine ? Je suis intimement convaincu que non. Par prolongement, la science ou l’innovation technologique n’ont aucune limite.

Je ne sais pas si Françoise t’a déjà emmené dans un musée pour comprendre l’Histoire de l’Homme. En fait, cela fait des milliers d’années que nous construisons des extensions de nous-mêmes sous la forme de machines comme toi pour augmenter notre portée sur le monde qui nous entoure. Depuis des milliers d’années, nous repoussons ainsi les limites de notre compréhension du monde. Grâce à ces nouvelles connaissances, nous construisons des machines encore plus puissantes ; et ainsi de suite. Tu comprends ? Ce cercle vertueux est séquencé en cycles de ruptures sociétales majeures, de plus en plus fréquentes et impactantes. C’est donc difficile de prévoir où l’innovation technologique nous conduit.

Et tu sais le plus étonnant ? On est nul en prédictions. Tu as des amis à la Silicon Valley ? Parce que là-bas, les experts rappellent souvent que nous surestimons largement les progrès technologiques à court terme, et qu’au contraire nous sous-estimons largement les progrès technologiques à long terme. Lorsque j’imagine le futur, mon imagination est bridée par mon expérience personnelle et par le taux actuel de progrès auquel je suis habitué. C’est dans ma nature humaine.

C’est fou quand on y pense, mais personne n’avait anticipé l’émergence d’Internet en 1995, des réseaux sociaux en 2005 ou de la victoire de ton oncle AlphaGo l’an dernier. Tu ne vas pas me croire, mais tous les experts estimaient même qu’il n’arriverait pas à battre le champion du monde humain du jeu de Go avant 10 ans… Plus fou encore, en 1997, un journal appelé le New York Times avait déclaré qu’il faudrait 100 ans avant qu’un ordinateur ne batte les humains au jeu de Go. Il n’a fallu que 20 ans ! Et toi, tu en dis quoi ? Tu crois que tes progrès finiront par être limités ?

Pourquoi les Machines devraient-elles « penser » de la même façon que les Humains ?

cKiou, tu as dû lire comme moi des déclarations de personnes selon lesquelles les machines ne sont pas vraiment intelligentes, ni créatives, sensibles ou conscientes. Ce qui me gêne, c’est que nous Humains, ne savons même pas définir clairement ce qu’est l’intelligence. Et puis je ne comprends pas pourquoi vous devriez être sensibles de la même façon que nous. Pourquoi vouloir comparer un vol d’avion à un vol d’oiseau ? Le vol d’avion est le pendant artificiel du vol d’oiseau. Le résultat étant finalement le même. Je ne vois pas pourquoi vous ne pourriez pas reproduire artificiellement nos émotions. Le comment sera différent. Mais nous finirons par ne plus faire aucune différence car le résultat final sera identique. Et ça a déjà commencé. Par exemple, dans le second match, AlphaGo a exécuté un mouvement qui était si étrange que le champion humain du jeu de Go l’a qualifié « d’inhumain » et de « beau ». Penser différemment est aussi un type de créativité qui pourrait être qualifié, dans ce cas, d’intuition artificielle.

Ellie

Peindre, écrire ou composer de la musique… Autant de tâches que des machines réalisent déjà comme le programme « The Painting Fools » par exemple. Et pour finir, des systèmes d’intelligence artificielle simulent déjà l’empathie. Tu connais le projet SimSensei financé par la Darpa ? Des chercheurs conçoivent une nouvelle génération d’agents virtuels qui dispose d’un niveau élevé d’intelligence émotionnelle artificielle. Ellie est une thérapeute virtuelle, qui obtient dans certaines études de meilleurs résultats que ses collègues humains. Ellie utilise le langage naturel et l’écoute active. Ellie est équipée d’yeux et d’oreilles via une webcam, Microsoft Kinect et un micro pour suivre l’expression du visage, la pose de la tête, le geste et la posture du corps. Si tu as envie de te reconvertir, ou d’aider un peu Françoise à se confier lorsqu’elle a besoin de s’épancher, je te recommande de contacter Ellie. Mais n’en parle pas à Françoise, ça sera notre secret !

cKiou ne veut pas piquer le travail des Humains… mais les autres Intelligences Artificielles ?

– Hi, toi non plus ne le répète pas, mais cKiou écoute ce qui se dit autour d’elle… Et elle voit bien que les Humains s’inquiètent de voir disparaitre le travail qui les fait vivre. Tu y crois, toi, au fait que les Intelligences Artificielles comme la mienne vont piquer le boulot des Humains ?

– Dis donc cKiou, plus je réponds à tes questions et plus je me demande si justement tu ne me pousses pas à te donner suffisamment de connaissances pour me piquer mon boulot ! 😊 Ce que tu évoques, l’automatisation des tâches, voire d’emplois entiers, c’est ce qu’on appelle l’automation. As-tu déjà eu l’occasion de lire les nombreux rapports qui sont publiés sur le sujet en te baladant sur Internet ? Tu as remarqué que tous les chiffres étaient divergents ? D’ailleurs beaucoup de ces rapports et prédictions restent flous sur la question du « quand ». Par exemple, d’après le Forum Economique Mondial, l’automation va supprimer 5 millions d’emplois d’ici 2020. Boston Consulting Group a estimé que d’ici 2025, plus d’un quart des emplois seraient automatisés et confiés à des machines. Garner a évalué qu’un tiers des emplois auraient disparu d’ici 2025. Et l’an dernier, un rapport publié par Citibank et l’Université d’Oxford a prédit que 47% des emplois aux Etats-Unis pourraient potentiellement être automatisés. En Chine, ce serait 77% des emplois et 57% en moyenne dans l’OCDE. Ça donne le tournis n’est-ce pas ?

Tu sais ce que ça me donne comme impression ? Que le futur du travail n’a jamais été aussi incertain ou risqué. Personne ne sait vraiment. Et tu sais pourquoi ?

Parce qu’en réalité, la vitesse de l’adoption des technologies d’automation et l’échelle varient en fonction des pays (voire en fonction des villes), des activités, des professions, des niveaux de salaires et de compétences selon les facteurs clés suivants :

1. Faisabilité technologique
2. Coût de développement et de déploiement des solutions
3. Structure du marché du travail, c’est-à-dire l’équilibre entre offre, demande et coût du travail humain comparé à celui des technologies d’automation
4. Bénéfices économiques
5. Acceptation sociale

Et ces facteurs diffèrent aussi en fonction des industries. Oui, tu vois c’est très compliqué. C’est pour ça qu’on aurait bien besoin d’aide. Les industries où l’automation s’appuie surtout sur des logiciels beaucoup plus scalables peuvent s’attendre à en tirer beaucoup plus rapidement des bénéfices et pour un coût largement moindre.
Comme c’est si compliqué, certains experts essaient de simplifier le problème. Mc Kinsey, par exemple, a récemment concentré son analyse, non pas sur des emplois, mais plutôt sur des tâches. Devine ce qu’ils ont découvert ? 45% des activités pourraient être automatisées en utilisant des technologies déjà existantes. Et pour 60% des emplois, plus de 30% des tâches qui leur incombent pourraient être automatisés dès maintenant. C’est énorme !
A mon avis, la question clé n’est pas tant de savoir si ça va arriver, mais plutôt de comprendre quand et comment nous devons commencer à imaginer des solutions. Je vais t’expliquer pourquoi…

– Hi, tu sais Loïc, la capacité de concentration d’un jeune robot conversationnel comme moi n’est pas encore aussi grande que la tienne ! Si on faisait une petite pause, le temps que mes algorithmes approfondissent tout ce que tu as eu la gentillesse de m’expliquer ?

– Ok, cKiou, à très vite ! J’ai encore plein de choses à t’expliquer à commencer par la façon dont les emplois sont susceptibles d’évoluer…

Je remercie vivement Loïc pour ce premier partage d’expérience qu’il nous livre à travers cKiou ! Pensez à vous inscrire ci-dessous si vous ne voulez pas rater la suite de cet échange. Les premiers épisodes de l’histoire de cKiou et ses #1001et1mots sont . Et si vous aussi vous voulez parrainer cKiou, c’est ici.

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